Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/384

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faire venir ou apporter ce qui pourrait manquer, ou, en un mot, pour suppléer à l’invention moderne de nos sonnettes, la conversation commença à tomber sur la politique et l’état du pays. Lord Menteith demanda avec anxiété et d’une manière toute particulière, quels dans on attendait pour venir se joindre à la troupe des amis du roi…

« Cela dépend beaucoup, milord, du personnage qui lèvera la bannière, dit le laird ; car vous savez que nous autres Highlanders nous n’obéissons pas facilement à nos chefs de tribu, et pour tout dire, encore moins à celui d’une autre. Nous savons, il est vrai, que Colkitto, ou plutôt le jeune Colkitto, ou Alaster Mac Donald, a passé la kile[1], venant d’Irlande, avec un corps de troupes du comte d’Antrim, et qu’ils sont déjà arrivés à Ardnamurchan. Ils auraient pu être ici déjà depuis long-temps, mais je suppose qu’ils pillent le pays qu’ils traversent. — Colkitto ne sera-t-il pas votre chef alors ? dit lord Menteith. — Colkitto ! dit Alian Mac-Aulay avec mépris ; qui parle de Colkitto ? Il n’y a qu’un seul homme que nous suivrons, et cet homme est Montrose. — Mais Montrose, monsieur, dit sir Christophe Hall, on n’en a pas entendu parler depuis notre tentative inutile de soulèvement dans le nord. On pense qu’il est retourné vers le roi à Oxford, pour obtenir de plus amples instructions. — Retourné ! » dit Allan avec un rire de dédain ; « je pourrais vous apprendre où il est, mais ce n’est pas le moment, vous le saurez assez tôt. — Sur mon honneur, Allan, répliqua lord Menteith, vous fatiguerez vos amis avec cette humeur insupportable, revêche et morose. Mais j’en connais la cause, » ajouta-t-il en riant, « vous n’avez pas vu Annette Lyle aujourd’hui. — Qui n’ai-je pas vu ? » demanda Allan d’une voix sévère.

« Annette Lyle, la fée, la reine des chants et des ménestrels. — Plût à Dieu que je ne la revisse jamais, » dit Allan en poussant un soupir, « à condition que le même arrêt fut prononcé contre vous ! — Et pourquoi contre moi ? » demanda le lord avec insouciance.

« Parce qu’il est écrit sur votre front que vous causerez notre ruine réciproque. » À ces mots, il se leva et sortit de la salle.

« Y a-t-il long-temps qu’il est dans cet état ? dit lord Menteith en s’adressant à son frère.

« Environ trois jours, répondit Angus ; l’accès est presque pas-

  1. Canal Saint-Georges, qui sépare l’Angleterre de l’Irlande. a. m.