Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/381

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sur votre bienveillance amicale et fraternelle, comme proche parent de notre maison, pour me prêter l’argent que je devrai à ces mangeurs de puddings ; s’il en était autrement, pour être franc avec vous, aucun Mac-Aulay ne se trouvera à l’appel, car je préférerais me faire covenantaire plutôt que de regarder en face ces Anglais sans les payer. Ce sera bien assez de le faire et de les voir se moquer de moi. — Vous pouvez savoir, cousin, dit lord Menteith, que je ne suis pas trop pourvu d’argent ; mais soyez assuré que je vous aiderai autant qu’il sera en mon pouvoir, par amour pour notre vieille parenté, notre alliance et notre voisinage. — Merci, merci, merci, répéta Mac-Aulay ; et comme ils dépenseront cet argent au service du roi, qu’importe que ce soit vous, eux ou moi qui le donne ? nous sommes tous les enfants du même père, je pense. Mais il faut, grâce à votre secours, que je sorte de ce mauvais pas, ou je m’en prendrai à mon André Ferrara ; car je ne voudrais pas passer pour menteur ni fanfaron à ma table, quand Dieu sait fort bien que je voulais seulement soutenir mon honneur, celui de ma famille et de mon pays. »

À ces mots, Donald entra ; sa figure était plus gaie qu’on ne devait s’y attendre, en raison du triste sort qui attendait la réputation et la bourse de son maître : « Messieurs, » dit-il avec emphase et du fond de la gorge, « le dîner est servi et les chandeliers sont placés. » — Que diable veut-il dite ? s’écria Musgrave en regardant son compatriote. Les yeux de lord Menteith semblèrent adresser la même question au laird, qui ne lui répondit que par un hochement de tête.

Une espèce de dispute qui s’éleva sur le cérémonial retarda un peu leur sortie de la chambre. Lord Menteith insistait sur ce qu’il devait céder la préséance due à son rang, parce qu’il était dans son pays et dans la maison de son parent ; les deux Anglais, en conséquence, furent introduits les premiers dans la salle, où un spectacle inattendu frappa leurs regards. La grande table de chêne était couverte d’énormes plats de viande, et des sièges étaient placés pour les convives. Derrière chaque siège se tenait un gigantesque Highlander, complètement armé et habillé à la mode de son pays, tenant de la main droite une épée nue, la pointe tournée vers la terre, et de la gauche une torche flamboyante de sapin des fondrières. Ce bois, qu’on trouve dans les marais, renferme une si grande quantité de térébenthine, que, lorsqu’il est fendu et desséché, on s’en sert souvent dans les Highlands en