Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/379

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Écossais, qu’il avait des candélabres plus beaux et en plus grand nombre chez lui, dans son château, qu’on n’en avait jamais allumé dans une salle du Cumberland, si Cumberland est le nom de la contrée. — C’était l’amour du pays qui le faisait parler ainsi, dit lord Menteith. — C’est vrai ; mais Son Honneur aurait mieux fait de se taire ; car si vous dites quelque chose d’un peu extraordinaire devant des Saxons, ils vous proposeront tout de suite une gageure, aussi vite qu’un maréchal ferrant des Lowlands pourrait ferrer un poney des Highlands[1]. Et ainsi le laird se vit forcé de rétracter sa parole ou de soutenir une gageure de deux cents marcs ; et il la tint plutôt que de rougir devant des gens comme eux. Maintenant il faut qu’il paie, cela du moins paraît probable, et c’est pourquoi il tarde tant à rentrer ce soir. — Assurément, Donald, dit lord Menteith, d’après tout ce que je connais de l’argenterie de la famille, je pense que votre maître est sûr de perdre sa gageure. — Oh ! Votre Honneur peut bien le jurer ; et où pourra-t-il trouver l’argent ? je ne sais, quand même il puiserait dans vingt bourses. Je lui ai conseillé de saisir les deux gentilshommes saxons et leurs domestiques, de les descendre dans le puits de la tour, et de les y laisser jusqu’à ce qu’ils donnassent quittance de bonne volonté ; mais le laird n’a pas voulu entendre raison.

À ces mots, Allan se leva, fit quelques pas en avant, et interrompant la conversation, dit au domestique d’une voix de Stentor : « Eh ! qui ose donner à mon frère un avis si déshonorant ? Comment pouvez-vous dire qu’il perdra cette gageure, ou telle autre qu’il lui plaira de faire ? — En vérité, Allan Mac-Aulay, répondit le vieux domestique, il n’appartient pas au fils de mon père de contredire ce que le fils de votre père juge convenable de dire : aussi le laird peut gagner la gageure : tout ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas de chandelier ou rien de semblable dans la maison, à moins que ce ne soit les vieilles branches de fer qui sont ici depuis le temps de lord Kenneth, et le chandelier d’étain que votre père a fait fabriquer par le vieux Willie-Winkie, le chaudronnier ; et du diable s’il y a jamais eu une once d’argenterie ou de vaisselle d’argent chez vous, à l’exception du vieux vase de la dame pour le posset[2] ; encore n’a-t-il plus de couvercle, et il lui man-

  1. Petit cheval des montagnes d’Écosse. a. m.
  2. Posset, breuvage anglais composé de vin ou d’eau-de-vie, de crème, de muscade, de sucre et d’œufs bien battus. a. m.