Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/375

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leur insatiable soif de pillage et de bons quartiers que nous devons en grande partie ces dissensions civiles qui nous font tourner nos épées contre notre propre sein. La patience a été sur le point de me manquer, en écoutant ce gladiateur qui loue son bras au plus offrant, et j’ai eu peine à m’empêcher de rire de son impudence extrême. — Votre Seigneurie, reprit Anderson, me pardonnera de lui recommander, dans les circonstances présentes, de cacher au moins une partie de sa généreuse indignation. Nous ne pouvons malheureusement venir à bout de notre entreprise sans le secours de ceux qui agissent par des motifs plus vils que les nôtres. Nous ne pouvons rejeter le secours d’hommes tels que notre ami le soldado ; et pour nous servir de la phrase hypocrite des saints du parlement anglais, les fils de Zerniah sont trop nombreux pour nous. — Je dissimulerai donc autant que je pourrai, comme j’ai fait jusqu’ici d’après vos conseils ; mais je donne cet homme au diable de tout mon cœur. — Vous devez vous rappeler aussi, milord, que pour guérir la morsure d’un scorpion, il faut en écraser un autre sur la plaie. Mais silence ! on pourrait nous entendre. »

Une porte de côté s’ouvrit dans la galerie, et un Highlander entra dans l’appartement. Sa haute stature, son équipage complet, la plume qui surmontait son bonnet, la confiance de sa démarche, annonçaient un homme d’un rang supérieur. Il s’avança lentement vers la table, et ne fit aucune réponse à lord Menteith qui, en l’appelant Allan, lui demandait comment il se portait.

« Il ne faut pas lui parler maintenant, » dit à voix basse un vieux serviteur.

Le grand Highlander se jeta sur un siège vacant près du feu, fixa les yeux sur le foyer embrasé, et sembla plongé dans une profonde rêverie. Ses yeux noirs, ses traits sauvages et pleins d’enthousiasme, lui donnaient l’air d’un homme qui, profondément occupé de ses sujets de méditation, fait peu d’attention à tous les objets qui l’entourent. Un air sombre et sévère, fruit peut-être de ses habitudes ascétiques et solitaires, aurait été, chez un Lowlander, attribué au fanatisme religieux ; mais ce fléau qui troublait tant de têtes en Angleterre et dans les basses terres d’Écosse, infectait rarement les Highlanders à cette époque. Ils avaient cependant aussi leurs superstitions qui obscurcissaient leurs esprits par de fréquentes visions, comme le fanatisme fascinait celui de leurs voisins. — Sa Seigneurie, » dit le serviteur highlander en s’approchant de lord Menteith, et à voix