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CHAPITRE IV.

le château de darnlinwarach.


Autrefois, n’importe à quelle époque, les Glunimies se rencontrèrent dans un vallon, tous aussi braves et aussi vigoureux que ceux qui ont jamais porté un dirk, une tarpe, une claymore, des bas courts, un plaid, une ceinture et des trews, dans l’ouest de Lochaber Skye ou Lewes, ou qui ont jamais couvert leur forte tête d’une toque. Si vous les aviez vus, vous l’avoueriez.
Meston.


Nos voyageurs avaient alors devant eux une colline couverte par une antique forêt de sapins d’Écosse : les arbres qui étaient sur son sommet, agitant leurs branches dépouillées vers l’horizon occidental, brillaient d’un éclat rougeâtre au soleil couchant. Au centre de ce bois, s’élevaient les tours ou plutôt les cheminées de la maison ou château, comme on l’appelait, qui devait être le terme de leur voyage.

Comme c’était l’usage à cette époque, un ou deux bâtiments étroits et élevés se croisant et s’interrompant l’un l’autre, formaient le corps de logis : plusieurs créneaux en saillie aux angles desquels on avait ajouté de petites tours semblables à des poivrières[1], avaient fait donner à Darnlinvarach le noble nom de château. Il était entouré d’une cour que protégeait un mur peu élevé, et qui servait d’enceinte à tous les bâtiments nécessaires et habituels.

À mesure qu’ils approchaient, nos voyageurs découvraient tout ce que l’on avait nouvellement ajouté aux défenses de la place, probablement à cause du peu de sûreté de ces temps désastreux. De récentes meurtrières pour la mousqueterie avaient été percées à différents endroits dans les bâtiments et dans le mur qui les entourait ; les fenêtres avaient été soigneusement garnies de barreaux de fer se croisant l’un l’autre en large et en long, comme les grilles d’une prison. La porte de la cour était fermée, et ce ne fut qu’après un pourparler prudent que l’un de ses battants fut ouvert par deux domestiques, vigoureux Highlanders, armés comme Bilias et Pandarus dans l’Énéide, et prêts à défendre l’entrée si quelque ennemi eût voulu pénétrer dans le château.

  1. À des poivrières anglaises ; en Angleterre, le poivre est contenu dans des flacons minces et longs. a. m.