Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/354

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l’ami de l’Écosse, et pouvait l’être encore, tandis que le roi, quoiqu’il eût dernièrement établi la religion parmi eux suivant leurs désirs, ne leur avait pas donné de motifs suffisants de se confier en sa parole royale, attendu que ses actions ne répondaient pas à ses promesses. « Notre conscience, finissaient-ils par dire, et l’Être Suprême, qui est plus grand que notre conscience, nous portent à nous rappeler que nous tendons à la gloire de Dieu, à la paix des nations et à l’honneur du roi, en renversant et punissant d’une manière légale ceux qui ont porté le trouble dans Israël, les tisons de l’enfer, les Corés, les Balaams, les Doëgs, les Rabzacès, les Amans, les Tubies, les Sanballahs de notre temps, et cela terminé nous serons satisfaits. Nous n’avons envoyé une armée en Angleterre que comme un moyen d’accomplir nos pieuses intentions. Tous les autres sur lesquels nous comptions ayant été inutiles, et cette voie seule nous restant, c’était ultimum et unicum remedium, le seul et unique remède.

Laissant aux casuistes à déterminer si un parti qui à juré une trêve solennelle peut être justifié de la rompre, sur le soupçon que, dans une occasion future, elle sera enfreinte par l’autre parti, nous continuerons à mentionner deux autres circonstances qui avaient sur la nation écossaise et sur ceux qui la gouvernaient une influence non moins grande que tous leurs doutes sur la bonne foi du monarque.

La première était la nature et l’état de leur armée ; elle avait à sa tête une noblesse pauvre et mécontente, sous laquelle commandaient principalement, comme officiers, des soldats de fortune écossais qui avaient servi dans les guerres d’Allemagne, et qui avaient fini par y perdre toute distinction de principe politique et même national, pour adopter cette foi mercenaire, que le premier devoir d’un soldat est la fidélité à l’état ou au souverain dont il reçoit la paie, sans avoir égard à la justice de la cause ou aux liaisons qu’il pouvait avoir avec le parti opposé. C’est des hommes de cette trempe que Grotius a fait ce portrait sévère : Nullum vitæ genus est improbius, quam eorum, qui sine causæ respectu, mercede conducti militant[1]. Pour ces soldats mercenaires, aussi bien que pour la pauvre noblesse qui les commandait, et qui se pénétrait facilement des mêmes opinions, les succès de la courte et dernière invasion en Angleterre durant l’année 1641 étaient un

  1. Il n’y a pas de genre de vie plus immoral que celui de ces hommes qui, sans considérer la cause qu’ils servent, combattent à prix d’argent. a. m.