Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment à de grandes commotions ; et cette coutume d’incursion et de pillage, que les Écossais Highlanders ont de tous temps exercée sur les basses terres, commença à prendre une forme avouée, suivie et méthodique, comme faisant partie d’un système général d’opérations militaires.

Ceux qui se trouvaient alors à la tête des affaires n’étaient point aveuglés sur le péril qui les menaçait, et dans leurs inquiétudes ils faisaient des préparatifs pour le combattre et le repousser. Ils considéraient pourtant qu’aucun chef de nom illustre n’avait encore paru pour assembler une armée de royalistes, ou même pour diriger les efforts de ces bandes irrégulières que l’amour du pillage, peut-être autant que les principes politiques, avaient engagées à prendre des mesures hostiles. On espérait généralement qu’en établissant un nombre suffisant de troupes dans les basses terres voisines des Highlands, on tiendrait en respect les chieftains des montagnes, tandis que le pouvoir des différents barons du nord qui avaient embrassé le parti du covenant, tels que le comte Mareschal, les grandes familles de Forbes, de Leslie et d’Irvine, les Grants, et d’autres clans presbytériens, pouvait contrebalancer et harceler non seulement les forces des Ogilvies et des autres cavaliers[1] d’Angus et de Kincardine, mais encore la puissante famille des Gordons, dont le pouvoir étendu n’était égalé que par l’extrême aversion qu’elle avait pour toutes les doctrines presbytériennes.

Dans l’ouest des Highlands, le parti dominant comptait beaucoup d’ennemis ; mais on supposait que le pouvoir de ces clans malintentionnés était sans effet, et l’esprit de leurs chieftains intimidés par l’influence dominante du marquis d’Argyle, dans lequel la convention des états mettait sa confiance avec la plus grande sécurité, et dont la puissance dans les Highlands, déjà immense, s’était beaucoup accrue par les concessions extorquées au roi lors de la dernière pacification. Argyle passait généralement pour un homme redoutable, plus par ses entreprises politiques que par son courage personnel, et plus propre à ménager une intrigue d’état qu’à soumettre les tribus de montagnards en armes ; mais la population de son clan, le courage des gentilshommes qui marchaient sous sa bannière, pouvaient, supposait-on, compenser les qualités qui lui manquaient ; et comme les Campbell avaient

  1. Tel était le nom des royalistes. On disait les cavaliers pour les royalistes, et les têtes-rondes pour les parlementaires. a. m.