Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/344

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faction opposée, qui lui fit bon accueil. Son nom est souvent mentionné dans les campagnes de Leslie, et en plus d’une occasion il est cité comme ayant protégé plusieurs de ses anciens amis, lorsque la cause du roi devint désespérée.

Le récit qui précède diffère matériellement, je le sais, de celui que donne Wishart, qui prétend que ce James Stewart d’Ardvoirlich ayant ourdi un complot pour assassiner Montrose, tua lord Kilpont pour n’avoir pas voulu tremper dans le complot. Il peut maintenant m’être permis de remarquer qu’outre que Wishart a toujours été considéré comme un historien partial et d’une autorité fort équivoque sur ce sujet, quand même Stewart aurait conçu un tel dessein, Kilpont, à cause de son nom et de ses relations de parenté, eût sans doute été le dernier que Stewart eût choisi pour son confident et son complice. D’un autre côté, le récit précédent, quoique jamais, j’en suis persuadé, on n’y ait fait jusqu’ici allusion, a été une constante tradition de famille ; et d’après la date récente de l’événement et les sources de la tradition qui l’a fait parvenir jusqu’à nous, je n’ai aucune raison pour révoquer en doute sa parfaite authenticité. Ce récit fut rapporté, dans tous ses détails les plus circonstanciés, à mon père, il y a bien des années, par un homme allié à la famille et qui vécut jusqu’à l’âge de cent ans. Cet homme était un arrière-petit-fils de James Stewart, par John, son fils naturel, dont les histoires de ce pays ont souvent fait mention sous le nom de John Dhu-Mhor. Ce John était alors avec son père ; et fut sans contredit témoin de l’affaire ; il vécut long-temps encore après la révolution, et c’est de lui que tenait l’information ci-dessus, l’homme qui l’avait communiquée à mon père.

« J’ai bien des pardons à vous demander pour avoir si longtemps abusé de votre patience ; mais j’éprouvais le désir bien naturel de rectifier ce que je regardais comme une imputation sans fondement contre la mémoire d’un de mes ancêtres, avant qu’elle pût obtenir par vous l’autorité de l’histoire. Je ne prétends point nier que mon aïeul n’ait eu des passions vives, comme le prouvent beaucoup de faits dont la tradition s’est conservée : mais sa conduite et ses principes ne permettent pas de concevoir l’idée qu’il ait pu former le projet d’assassiner Montrose. Sa fuite dans le parti opposé n’eut lieu que pour se soustraire aux coups des amis de Kilpont alors très-nombreux, et qui n’eussent pas manqué de venger sa mort.