Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/343

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cause. En conséquence, avec sir John Drummond et leurs adhérents, comme le raconte Wishart, ils rejoignirent Montrose à Buchanty. Tant qu’ils servirent ensemble, leur intimité était si forte qu’ils vivaient et couchaient ensemble sous la même tente.

« En même temps, Montrose avait été aussi rejoint par des Irlandais sous le commandement d’Alexandre Macdonald ; ceux-ci, dans leur marche, commirent quelques excès sur les terres appartenant à Ardvoirlich, lesquelles se trouvaient dans la ligne de leur route depuis la côte occidentale, Ardvoirlich s’en plaignit à Montrose, qui, vraisemblablement, dans le désir de se concilier ses nouveaux alliés, répondit au grief d’une manière évasive. Ardvoirlich, homme aux passions violentes, n’ayant point reçu la satisfaction qu’il avait demandée, provoqua Macdonald en un combat singulier. Avant qu’il eût lieu, toutefois, Montrose, sur l’avis que lui en donna Kilpont, imposa aux deux combattants les arrêts forcés. Montrose, prévoyant les suites fâcheuses d’une semblable querelle en un temps si critique, opéra une sorte de réconciliation entre eux, et les obligea de se toucher la main devant lui ; on dit qu’à cette occasion Ardvoirlich, homme très-fort, serra la main de Macdonald au point d’en faire jaillir le sang par les doigts ; ce qui fit voir qu’Ardvoirlich n’était nullement calmé.

« Peu de jours après la bataille de Tippermuir, lorsque Montrose avec son armée était campé à Collace, une fête fut donnée par lui à ses officiers, en l’honneur de la victoire qu’il avait remportée, et Kilpont, avec son ami Ardvoirlich, était de la partie. De retour à leurs quartiers, Ardvoirlich, qui paraissait toujours garder rancune à Macdonald, et qui avait la tête échauffée par le vin, commença à blâmer lord Kilpont de la part qu’il avait prise dans l’affaire en empêchant qu’il obtînt le redressement demandé, et il se plaignit de Montrose pour ne lui avoir pas accordé ce qu’il regardait comme une réparation légitime. Kilpont défendit sa conduite et celle de son parent Montrose ; on finit par en venir à de gros mots, et dans l’état où ils se trouvaient alors l’un et l’autre, passant aux voies de fait, Ardvoirlich saisit son dirk ou poignard et en frappa à mort Kilpont. Il s’enfuit aussitôt, et à la faveur d’un épais brouillard il échappa aux poursuites dirigées contre lui, laissant sur le lit de mort son propre fils Henri, qui avait été dangereusement blessé à la bataille de Tippermuir.

« Ses partisans se séparèrent brusquement de Montrose, et il ne lui resta d’autre ressource que de se jeter dans les bras de la