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rivèrent alors peu de temps après ; mais je suis sûr que j’aurais pu les prévoir moi-même, beaucoup mieux que des rats ou toute autre vermine, et cependant je ne le fis pas. J’ai entendu conter de belles histoires de rats, comment ils avaient abandonné des maisons et des vaisseaux, lorsqu’on allait mettre le feu aux premières et submerger les seconds. Des naturalistes disent qu’il y a des créatures sagaces, et je le crois ; mais je ne serai jamais de l’opinion qu’elles puissent prévoir les événements que le diable lui-même ne pourrait ni connaître ni deviner ; de tels événements étant de ces choses que l’Éternel a cachées dans le sein de sa divine prescience et la question de savoir si le Dieu tout-puissant a préordonné ou prédestiné ces choses qui nous arrivent, de manière à éclore en échappant à toute prévision ou contrôle, est encore insoluble. »

En citant ces anciennes autorités, je ne dois pas oublier un Essai plus moderne d’un soldat écossais de la vieille mode, Essai rédigé par une main habile, dans le caractère de Lesmahagow, puisque l’existence de ce brave capitaine doit seule priver l’auteur actuel de tous droits à une entière originalité. En outre, Dalgetty, comme fruit de sa propre imagination, a été un favori si rapproché de son parent, qu’il est tombé dans l’erreur en donnant au capitaine une trop grande part dans l’histoire. C’est l’opinion d’un critique placé au plus haut rang dans la littérature, et l’auteur s’estime tellement heureux d’avoir encouru sa censure, qu’elle laisse à sa modestie une excuse convenable pour laisser passer les éloges qu’il eût eu mauvaise grâce à rapporter sans mélange. Le passage dont il s’agit se trouve dans la Revue d’Édimbourg, au n° 55, renfermant une critique d’Ivanhoe ; le voici :

« On a beaucoup trop donné, peut-être, de place à Dalgetty dans l’ouvrage ; car on nous entretient constamment de lui, et l’auteur a montré plus de penchant pour cet homme incomparable qui éclipserait les Falstaffs et les Pistols[1], acte par acte, scène par scène, et les occuperait par son inépuisable faconde, sans épuiser leur gaieté, ou sans changer une note de son ton distinctif, autrement que dans ses grands exemples réitérés de l’éloquence du redouté Ritt-Master. L’idée générale du caractère est familière à nos auteurs comiques postérieurs à la restauration, et l’on peut dire qu’il est, jusqu’à un certain point, formé de ceux du capitaine Fluellen et de Bobadil mais la combinaison du soldado avec l’étu-

  1. Personnages de Shakspeare. a. m.