Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’occasion du meurtre de lord Kilpont un pardon absolu que le parlement confirma en 1644, et il fut nommé major du régiment d’Argyle, en 1648. Tels sont les faits du roman que nous présentons comme une légende des guerres de Montrose ; le lecteur les trouvera considérablement altérés dans les fictions du récit.

L’auteur a tâché d’animer l’action tragique du roman par l’introduction d’un personnage adapté au temps et au pays, et d’excellents juges lui ont déclaré qu’il avait réussi jusqu’à un certain point dans son projet. Le mépris qu’entretenaient pour le commerce les jeunes gens qui avaient des prétentions à la noblesse et aux bonnes manières, le dénûment ou l’état de pauvreté dans lequel se trouvait l’Écosse, la disposition naturelle de ses habitants à courir le monde et à chercher des aventures, tout engageait les Écossais à entrer au service des gouvernements en guerre les uns contre les autres. Ils se distinguèrent sur le continent par leur bravoure ; mais en adoptant la profession des soldats mercenaires, ils portèrent nécessairement préjudice à leur caractère national. Les connaissances superficielles qu’ils possédaient dégénérèrent en pédanterie ; leur bonne éducation devint un pur cérémonial ; la crainte du déshonneur ne les retint plus davantage éloignés de ce qui était réellement indigne de considération, si ce n’est pour s’attacher à certaines observances tout à fait ridicules ou futiles. Un cavalier rempli d’honneur et cherchant fortune pouvait, par exemple, changer de service comme de chemise, combattre, comme le brave capitaine Dalgetty, en passant d’un parti à un autre, sans s’informer du fondement de la querelle, et piller avec une effrénée rapacité les paysans que le sort des armes lui soumettait ; mais il devait éviter, même d’un prêtre, le plus léger reproche, s’il avait trait à ses devoirs. Ce qui va suivre démontrera la vérité de ce que j’avance.

« Ici je ne dois pas oublier, dit un chroniqueur, le nom d’un prédicateur, maître William Forbesse, qui prêchait aux soldats, homme plein de courage, de discrétion et de conduite, beaucoup plus capable que d’autres officiers de ma connaissance. À cette époque, non seulement il priait pour nous, mais il allait avec nous jusqu’à remarquer, je crois, la mine des hommes : ayant trouvé un sergent qui négligeait son devoir, il l’épia à point en se cachant, et promit de me le signaler ; ce qu’il fit, en effet, après le service. Le sergent, appelé devant moi et accusé, repoussa l’accusation, ajoutant que si ce n’eût pas été le pasteur qui l’eût articulée, il en