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, de son chapeau à plumes et de son cheval bien dressé, pour faire beaucoup d’attention à autre chose ; mais, dans la suite, il se souvint jusqu’à l’heure de sa mort que, lorsque la main de sa sœur, assise en croupe derrière lui, venait à toucher la sienne, il la sentait humide et froide comme le marbre qui recouvre un tombeau.

Après avoir franchi des collines et traversé des vallons, le cortège arriva à l’église paroissiale, qu’il remplit presque entièrement ; car, sans compter les domestiques, plus de cent personnes, tant dames que cavaliers, étaient venues pour assister à cette cérémonie. Le mariage fut célébré suivant les rites de l’Église presbytérienne, à laquelle, depuis peu, Bucklaw avait jugé à propos de s’affilier.

À la porte de l’église, on fit une ample distribution aux pauvres des paroisses voisines ; elle était dirigée par Johnny Mortsheugh, qui avait été tirée de sa triste demeure à l’Ermitage pour prendre le poste plus agréable de sacristain de l’église paroissiale de Ravenswood. La dame Gourlay et deux de ses commères aussi vieilles qu’elle, les mêmes qui avaient assisté aux funérailles d’Alix, se tenaient assises à l’écart sur la pierre plate d’une tombe, comparant avec un esprit d’envie les parts qu’elles avaient reçues dans la distribution.

« Johnny Mortsheugh, dit Anne Winnie, tout brave qu’il est avec son habit neuf, aurait dû se rappeler le temps passé, et songer un peu à ses anciennes commères. Je n’ai eu que cinq harengs au lieu de six, et cette pièce de six pences ne m’a pas l’air d’être bonne ; je suis sûre que ce morceau de bœuf pèse une once de moins qu’aucun de ceux qu’il a distribués, et encore c’est un morceau du jarret, tout plein de nerfs ; tandis que le vôtre, Maggie, est un morceau de la cuisse. — Le mien ! marmotta la vieille paralytique, il y a moitié d’os, j’en suis sûre. Si les riches veulent donner quelque chose aux pauvres pour les faire venir à leurs noces et à leurs enterrements, ce devrait être quelque chose qui en valût la peine, ce me semble. — Leurs dons, dit Ailsie Gourlay, ne sent pas distribués par amour pour nous : peu leur importe si nous mangeons ou si nous mourons de faim. Ils nous donneraient des pierres au lieu de pain, si cela pouvait satisfaire leur vanité ; puis ils s’attendent à ce que nous leur témoignions autant de reconnaissance, comme ils disent, que s’ils nous avaient fait du bien par pure amitié et bonté d’âme. — Et c’est bien vrai,