Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/305

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il le supplia de répandre ses bénédictions sur le contrat qui allait être signé par les parties présentes. Avec toute la simplicité particulière à l’époque, qui permettait les allusions personnelles, jointe à la simplicité de son caractère, le ministre pria Dieu de cicatriser la blessure du cœur d’une des personnes qui allaient contracter cette sainte union, en récompense de sa soumission aux désirs de ses très-honorables parents ; il lui demanda que, puisqu’elle s’était montrée un enfant soumis à la loi divine, en honorant son père et sa mère, elle obtînt pour elle et les siens la bénédiction promise, de longs jours sur la terre et le bonheur dans une meilleure patrie. Il pria ensuite le ciel de faire que le futur époux rejetât loin de lui toutes les folies qui détournent les jeunes gens du sentier de la sagesse ; qu’il cessât de se complaire dans la compagnie des impies, des débauchés et de ceux qui usent leur existence dans des orgies (ici Bucklaw jeta un coup-d’œil significatif sur Craigengelt) ; et formât le projet de renoncer à une société qui ne pouvait que l’entraîner à l’erreur. Une prière convenable, en faveur de sir William Ashton, de son épouse et de sa famille, termina cette invocation religieuse, qui embrassait tous les individus présents, à l’exception de Craigengelt, que le digne ministre regarda probablement comme sans espoir de rédemption. On s’occupa ensuite de l’affaire pour laquelle on s’était assemblé. Sir William Ashton signa le contrat avec toute la solennité et la précision d’un ministre de la justice, son fils avec une nonchalance militaire ; et Bucklaw, après avoir posé sa signature sur les feuilles avec autant de rapidité que Craigengelt en pouvait mettre à les tourner, finit par essuyer sa plume à la nouvelle cravate brodée du soi-disant preux.

C’était alors le tour de miss Ashton, et sa vigilante mère la conduisit vers la table. À la premier tentative qu’elle fit, elle voulut écrire avec une plume qui n’avait point d’encre, et lorsqu’on l’en fit apercevoir, elle essaya vainement, et à plusieurs reprises, de la tremper dans le massif encrier d’argent placé devant elle ; lady Ashton s’empressa de venir à son secours.

J’ai vu moi-même ce fatal contrat ; et dans les caractères distincts qui forment le nom de Lucy Ashton, signé au bas de chaque page, on n’aperçoit qu’une légère irrégularité, provenant d’un tremblement dans la main de la jeune personne, effet naturel de l’agitation de son esprit au moment où elle écrivait. Mais la dernière signature est incomplète, défigurée et comme raturée ;