Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/260

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n’était pas encore fixé sur le degré de certitude de l’affaire, « à quoi bon toute cette cérémonie ? On cherche à servir ses amis ; quelquefois il arrive qu’on réussit, d’autres fois qu’on échoue ; il n’y a rien que je recherche aussi peu que les remercîments ; je n’ai jamais pu m’y habituer. — Ma foi ! monsieur Balderstone, vous n’auriez guère été fatigué des miens, » dit l’homme aux douves et aux cerceaux. « Si je n’avais eu à vous remercier que de votre bonne volonté, j’aurais tout simplement soldé le compte avec l’oie, les canards sauvages et le baril de vin des Canaries que vous savez. La bonne volonté, brave homme, est un tonneau desséché qui ne peut tenir le vin ; mais le bon office est comme le tonneau bien joint, rond et d’un bois sain, qui peut contenir un vin digne de la bouche du roi. — N’avez-vous pas entendu parler de la lettre que nous avons reçue, dit la belle-mère, et qui nomme effectivement Jean à l’emploi de tonnelier de la reine, quoiqu’il y ait à peine un enfant, capable de manier le maillet, qui ne l’ait demandé ? — Si j’en ai entendu parler !!! » dit Caleb qui vit alors de quel côté le vent soufflait ; « si j’en ai entendu parler ! » demanda-t-il d’un ton de souverain mépris pour un pareil doute ; et en prononçant ces paroles, il quitta la démarche embarrassée, furtive et semblable à celle d’un homme qui cherche à s’esquiver, pour prendre une attitude de fierté et d’autorité ; il rajusta son chapeau à cornes, et permit à son front de se montrer au grand jour dans tout l’orgueil de l’aristocratie, comme le soleil sortant de derrière un nuage.

« Mais sans doute, dit mistress Girder ; il est impossible qu’il n’en ait pas entendu parler. — Eh ! oui, c’est impossible, dit Caleb ; et ainsi, je veux être le premier à vous embrasser, Joé ; et à vous féliciter, vous, tonnelier, et de bon cœur, de votre nomination, ne faisant pas de doute que vous ne connaissiez vos amis, ceux qui vous ont servi et qui peuvent vous servir encore. J’ai cru d’abord à propos de me conduire de cette manière un peu étrange, mais seulement pour voir si vous étiez de bonne trempe. Le son est juste, mon brave, le son est juste. »

À ces mots, il embrassa les femmes avec un air d’importance, et d’un air de protection il souffrit que sa main fût vivement secouée par la main calleuse du tonnelier.

D’après cette information complète et très-satisfaisante pour Caleb, il est facile de croire qu’il n’hésita point à accepter l’invitation d’assister à un banquet solennel auquel devaient se trouver