Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/255

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avait été très-bien fêté, lors qu’il partit avec le lord Ravenswood d’alors pour la funeste bataille de Flodden, où ils périrent tous deux. Aussi vivement pressé, le Maître de Ravenswood offrit de se porter en avant, afin de faire les préparatifs que le temps et les circonstances permettraient, mais le marquis protesta que son parent ne pouvait pas le priver de sa compagnie, et consentit seulement à ce qu’on fît partir un courrier pour porter à l’infortuné sénéchal, Caleb Balderstone, l’annonce inattendue de cette redoutable invasion.

Bientôt après, le Maître de Ravenswood monta avec le marquis dans sa voiture, et pendant le trajet, son noble parent lui développa les vues généreuses qu’il avait pour son avancement, dans le cas où ses plans de politique seraient couronnés de succès. Ces vues consistaient à le charger d’une mission secrète et importante, au-delà des mers, et qui ne pouvait être confiée qu’à une personne d’un rang distingué, douée de talents et digne de toute confiance ; elle ne pouvait donc qu’être honorable et avantageuse pour Edgar. Nous n’entrerons dans aucun détail sur la nature et le but de cette mission ; qu’il nous suffise d’informer le lecteur que la perspective de cet emploi plut infiniment au Maître de Ravenswood, qui s’abandonna à l’espoir flatteur de sortir enfin de son état d’indigence et d’inaction, et de recouvrer son indépendance par d’honorables services.

Tandis qu’il écoutait attentivement les détails dans lesquels le marquis jugeait dès lors nécessaire d’entrer avec lui, le messager qui avait été dépêché à la tour de Wolf’s-Crag, revint porteur des très humbles respects de Caleb Balderstone, et de l’assurance que tout allait être mis en ordre, autant que la brièveté du temps le permettrait, pour recevoir convenablement Leurs Seigneuries.

Ravenswood était trop accoutumé à la manière d’agir et de parler de son sénéchal, pour fonder un grand espoir sur cette promesse. Il savait que Caleb agissait d’après le principe des généraux espagnols dans la campagne de…, qui, au grand étonnement du prince d’Orange, leur général en chef, disaient dans leurs rapports journaliers que leurs troupes étaient au complet, bien armées, bien approvisionnées, ne pensant pas qu’il fût convenable à leur dignité et à l’honneur de l’Espagne d’avouer qu’il y eût le moindre déficit en homme ou en munitions ; si bien que le manque des uns et la disette des autres ne se révélaient que les