Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était, il y a vingt ans, un assez passable avocat, qui, ayant montré du talent au barreau et dans les comités du parlement, a su faire son chemin. L’opération relative à l’isthme de Darien a été une bonne affaire pour lui ; car il était bien instruit, jugeait sainement des événements, et il vendit ses actions fort à propos. Mais maintenant on a tiré de lui tout ce qu’il y avait à en tirer. Aucun gouvernement de l’Écosse n’acceptera ses services au prix qu’il y met, ou plutôt à celui qu’y met sa femme, ce qui est plus extravagant encore ; et avec son indécision et l’insolence de lady Ashton, il gâtera son affaire et s’offrira à bon marché, mais personne ne voudra l’acheter. Je ne dis rien de miss Ashton ; mais je vous assure qu’une liaison de cette nature avec son père ne vous sera ni utile ni honorable, à moins que ce ne soit par la portion des dépouilles de votre père qu’il vous restituerait peut-être par forme de dot. Croyez-moi, vous gagnerez bien davantage, si vous avez assez de résolution pour faire valoir vos droits contre lui devant le parlement d’Écosse : et moi, mon cher cousin, je veux être l’homme qui chassera le renard pour vous, et qui lui fera maudire le jour où il a repoussé une composition trop honorable pour lui, et proposée par le marquis d’Athol au nom d’un parent. »

Il y avait dans tout ce discours quelque chose qui dépassait le but. Ravenswood ne pouvait se dissimuler qu’outre le soin de son intérêt et de son honneur, le noble marquis avait des raisons particulières pour s’offenser de la manière dont son intervention avait été reçue ; et cependant il ne pouvait ni se plaindre ni s’étonner qu’il en fût ainsi. Il se contenta donc de répéter que son attachement pour miss Ashton était purement personnel, qu’il ne voulait devoir ni fortune ni avancement à l’influence de sir William et que rien ne l’empêcherait d’être fidèle à son engagement, si elle ne manifestait elle-même la volonté de l’annuler ; enfin il demanda comme une grâce qu’il ne fût plus question de cette affaire pour le moment, assurant le marquis qui lui ferait savoir tout ce qui pourrait survenir de favorable ou de contraire à cette union.

Le marquis eut bientôt à s’entretenir avec son parent sur des sujets plus agréables et plus intéressants pour lui-même. Un exprès, qui lui avait été envoyé d’Édimbourg au château de Ravenswood, arriva à l’auberge du Tod’s-Hole, lui remit un paquet qui contenait d’agréables nouvelles. Les opérations politiques du marquis avaient un plein succès, tant à Londres qu’à Édimbourg,