Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/251

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ployer auprès des Ashton, à les faire entrer dans vos vues. — Je suis très-reconnaissant à Votre Seigneurie d’une intervention que je n’avais point sollicitée, dit Ravenswood ; d’autant plus que je suis persuadé que Votre Seigneurie n’a pas été au-delà des bornes dans lesquelles les bienséances m’ordonnent de me renfermer. — Oh ! pour cela, dit le marquis, vous pouvez en être bien sûr. Je sentais trop moi-même combien l’affaire était délicate pour placer un gentilhomme, qui tient de si près à ma famille, dans une position dégradante ou équivoque à l’égard de ces Ashton. Mais je leur ai représenté tous les avantages qu’ils trouveraient à marier leur fille à un homme qui sort d’une maison aussi honorable, et alliée avec les premières familles d’Écosse ; j’ai expliqué le degré exact de parenté qui existe entre vous et moi, et j’ai même hasardé quelques idées sur la tournure qu’il était probable que prendraient les affaires politiques, et donné à entendre quelles cartes pourraient devenir des atouts dans le prochain parlement. J’ai dit que je vous regardais comme un neveu, comme un fils plutôt que comme un parent éloigné, et que je faisais de cette affaire une affaire personnelle. — Et quel a été le résultat de cette explication ? » demanda Ravenswood qui doutait s’il devait témoigner du mécontentement ou de la reconnaissance à son parent pour le zèle à le servir.

« Mais, répondit le marquis, le garde des sceaux aurait entendu raison ; il ne se sent nullement disposé à quitter sa place, et comme on prévoit un changement prochain, il paraissait avoir quelque penchant pour vous et sentir les avantages qu’en général il retirerait d’une pareille alliance. Mais son épouse, qui a la toute-puissance en main… — Eh bien ! qu’à répondu lady Ashton, milord ? demanda Ravenswood ; faites-moi connaître l’issue de cette conférence extraordinaire ; je puis tout supporter. — J’en suis bien aise, mon cher parent, répondit le marquis ; car j’ai honte de vous rapporter la moitié de ce qu’elle a dit. Il suffit de vous apprendre que son parti est pris, et que jamais maîtresse de pension du premier ordre n’a repoussé avec une plus hautaine indifférence la supplique d’un officier irlandais à demi-solde, qui demande la permission de faire la cour à l’héritière d’un colon des Indes occidentales ; enfin, lady Ashton a rejeté avec mépris toutes les avances de médiation que j’ai pu lui faire en votre faveur, mon cher parent. Je ne saurais deviner quelles sont ses vues relativement à sa fille. Il est certain qu’elle ne saurait former une alliance