Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fenêtres sont vitrées ; et tout cela, parce que Ravenswood a administré ses biens comme un fou ! — Ce n’est que trop vrai, » se dit Ravenswood, frappé de la justesse de l’observation ; « le châtiment du dissipateur est bien loin de se borner à ses propres souffrances. — Au surplus, dit le fossoyeur, il est probable que le jeune Edgar me vengera de tout le mal que m’a fait sa famille. — Vraiment ? qu’est-ce qui vous porte à le croire ? — On dit qu’il est sur le point d’épouser la fille de sir William Ashton : mais que la femme du garde des sceaux lui mette une fois la tête sous son aisselle, et vous verrez si elle ne lui tord pas le cou. Du diable si j’en voudrais, à sa place ! Devenir le gendre d’une femme qui est toujours en effervescence comme une chaudière d’eau bouillante ! Aussi, le plus grand mal que je puisse souhaiter au jeune homme, pour son crédit et sa réputation, c’est de s’allier aux ennemis de son père, qui ont enlevé les beaux domaines et ma jolie demeure à ceux qui en étaient les légitimes propriétaires. »

Cervantès remarque avec beaucoup de finesse que la flatterie plaît, même dans la bouche d’un fou, et que nous sommes sensibles à la censure ou à la louange, même lorsque nous méprisons les motifs sur lesquels elle est fondée, et la manière dont elle est exprimée. Ravenswood réitéra brusquement au fossoyeur l’ordre de veiller avec soin aux funérailles d’Alix, et s’éloigna en faisant la pénible réflexion que le vulgaire de toutes les classes aurait sur son engagement avec Lucy les mêmes idées que ce paysan ignorant et égoïste.

« Et je me suis abaissé, se dit-il à lui-même, jusqu’à m’exposer à ces discours injurieux, pour être refusé ! Ô Lucy ! votre foi doit être aussi pure, aussi parfaite que le diamant, pour compenser le déshonneur que les opinions des hommes et la conduite de votre mère font rejaillir sur le dernier rejeton de la famille de Ravenswood. »

En levant les yeux, il aperçut le marquis d’Athol, qui, étant arrivé à l’auberge du Tod’s-Hole, en était ressorti pour venir à la rencontre de son parent.

Après les compliments d’usage, le marquis fit quelques excuses au Maître de Ravenswood de n’être pas venu le trouver la veille.

C’était bien son intention, dit-il ; mais certaines circonstances imprévues l’avaient engagé à différer son départ. « J’ai appris, ajouta-t-il, qu’il y a une affaire d’amour, mon cher parent, et bien que je pusse vous blâmer de ne pas m’en avoir instruit, comme étant en quelque sorte le chef de votre famille… — Avec votre per-