Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/226

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sur toutes les figures, à l’exception de celle du marquis ; car Craigengelt lui-même, malgré toute son impudence, pouvait à peine cacher la frayeur que lui inspirait la présence de Ravenswood, et les autres personnes sentaient tout l’embarras de la position dans laquelle elles se trouvaient inopinément placées.

Après avoir attendu un instant que sir William le présentât à lady Ashton, le marquis se décida à se présenter lui-même. « Le lord garde des sceaux, » dit-il en s’avançant vers elle, « vient de me présenter sa fille comme son épouse ; il pourrait maintenant me présenter lady Ashton comme sa fille, tant elle est peu différente de ce que je me souviens de l’avoir vue il y a quelques années : veut-elle bien me permettre d’user de la plénitude des droits que me donne sa gracieuse hospitalité ? »

Il embrassa lady Ashton avec une grâce qui le mettait à l’abri d’un refus, et continua : « Je vous fais, lady Ashton, une visite en qualité de pacificateur ; je prendrai donc la liberté de vous présenter mon cousin, le jeune Maître de Ravenswood, et de le recommander à votre bienveillance. »

Lady Ashton ne put se dispenser de saluer Edgar ; mais il y eut dans son salut un air de hauteur qui approchait d’un dédain insultant ; Ravenswood, de son côté, lui rendit cette politesse avec le même air de dédain.

« Permettez-moi, dit-elle au marquis, de présenter à Votre Seigneurie un de mes amis. » Craigengelt, avec l’impudente effronterie que les gens de son espèce prennent pour de l’aisance, fit une salutation au marquis en retirant la jambe en arrière et en abaissant jusqu’à terre son chapeau galonné. « Vous et moi, sir William, » continua lady Ashton, et ce furent les premières paroles qu’elle eût encore adressées à son mari, « nous avons fait de nouvelles connaissances, depuis que nous ne nous sommes vus : je vous présente donc mon nouvel ami, le capitaine Craigengelt. »

Nouveau salut de la part de Craigengelt ; et le lord garde des sceaux le lui rendit sans que rien indiquât qu’il ne lui était pas tout à fait inconnu, et avec une sorte d’empressement qui témoignait son désir de voir la paix et l’amnistie proclamées entre les parties contendantes, y compris les auxiliaires des deux côtés. « Permettez-moi de vous présenter le Maître de Ravenswood, » dit-il au capitaine conformément à ce système de conciliation. Mais Ravenswood, se relevant de toute la hauteur de sa taille, et