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lons au premier signal, j’ai combattu avec le même courage sous les ordres de John Churchill que sous ceux de Dundee ou du duc de Berwick. — Pour cette fois, je veux bien vous croire, Craigie. Mais faites-moi le plaisir de descendre à la cave ; vous monterez une Bouteille de bourgogne de 1678, c’est dans la quatrième case à main droite ; et… écoutez-moi donc, montez-en une demi-douzaine, pendant que vous y serez. Parbleu, elles nous aideront à passer la nuit. »






CHAPITRE XXII.

arrivée de lady ashton.


Et bientôt ils virent des hommes vêtus de vert escortant une voiture à quatre chevaux.
Anonyme.


Craigengelt partit pour sa mission dès que son équipage fut prêt ; il fit son voyage en toute diligence, et s’acquitta de son message avec toute l’adresse dont Bucklaw lui avait fait compliment par avance. Comme il arrivait muni de lettres de M. Hayston de Bucklaw, il fut bien reçu de Lady Ashton et de lady Blenkensop ; car ceux qui sont prévenus en faveur d’une nouvelle connaissance prennent, au moins pendant quelque temps, ses défauts pour des qualités.

Quoique habituées à la bonne société, ces deux dames étaient tellement décidées à trouver un homme agréable et bien né dans l’ami de M. Hayston, qu’elles s’aveuglèrent complètement. Il est vrai que Craigengelt était bien vêtu, ce qui est un point fort important ; mais, indépendamment de son extérieur, on prit son effronterie impudente pour une brusquerie honorable, suite de la profession militaire, son jargon pour du courage, et son impertinence pour de l’esprit. Cependant, afin qu’on ne nous taxe pas d’exagération, nous ajouterons que nos dames s’aveuglèrent d’autant plus aisément et furent d’autant mieux disposées à voir Craigengelt d’un œil favorable, que son arrivée procurait l’avantage inappréciable de trouver un tiers pour faire une partie de trédrille, jeu dans lequel ce digne personnage était parfaitement versé, ainsi que dans tous les autres.

Dès qu’il se vit en faveur, il chercha comment il s’y prendrait pour seconder les vues de son patron, et sa tâche ne fut pas difficile, car il trouva lady Ashton toute disposée en faveur de l’union que ludy Blenkensop n’avait pas hésité à lui proposer, d’a-