Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/151

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de vos langues ? » dit Girder ; car il faut remarquer que cette explication était donnée par les deux femmes en même temps ; la plus jeune reprenant et répétant d’un ton plus élevé les paroles de sa mère aussi vite que celle-ci pouvait les prononcer.

« Votre femme n’avance rien qui ne soit vrai, dit le maître ouvrier de Girder, qui était entré pendant la contestation. J’ai vu les domestiques du lord Keeper qui buvaient et se régalaient à l’auberge de Lucky Smallstrash. — Et leur maître est à Wolf’s-Crag ? demanda Girder. — Oui, vraiment, il y est, répondit son homme de confiance. — Et en bonne amitié avec Ravenswood ? demanda-t-il encore. — Il faut bien que cela soit, répondit le maître-ouvrier, puisqu’il est descendu chez lui. — Et pierre Puncheon est mort ? continua Girder. — Oui, oui, le tonneau a coulé à la fin, répliqua le maître-ouvrier. Ah ! le vieux coquin ! il y a fait passer une fière quantité d’eau-de-vie pendant son séjour sur terre. Mais, quant à la broche et aux canards sauvages, la selle est encore sur le dos de votre cheval, et je pourrais galoper après et rapporter le tout ; car M. Balderstone ne saurait être encore bien loin du village. — Oui, partez, William, dit Girder, et venez avec moi, je vais vous dire ce que vous aurez à faire lorsque vous l’aurez atteint. »

Les femmes se sentirent soulagées par son absence, et il alla donner ses instructions à William.

« Ah ! voilà une jolie chose qu’il fait là, ma foi ! dit la belle-mère, d’envoyer cet innocent garçon après un homme armé, quand il sait que M. Balderstone porte toujours une rapière ! — J’espère, ajouta le ministre, que vous avez bien réfléchi à ce que vous avez fait, de peur qu’il n’en résulte une querelle ; et il est de mon devoir de vous dire que celui qui en fournit le sujet ne peut, sous aucun rapport, s’en prétendre innocent. — Ne vous occupez pas de cela, monsieur Bide-the-Bent, » repartit Girder en rentrant. « La femme d’un côté, le ministre de l’autre, il n’y a pas moyen de dire son sentiment ici ; je sais mieux que personne comment je dois conduire ma barque. Allons, Jeanne, servez le dîner et qu’il n’en soit plus question. »

Et pendant tout le reste de la soirée il ne fut pas fait la moindre allusion à ce qui manquait au repas.

Cependant le maître-ouvrier du tonnelier, monté sur le cheval de son maître qui l’avait chargé de ses ordres spéciaux, courut à toute bride à la poursuite du maraudeur, Caleb. Celui-ci, comme on peut se l’imaginer, ne s’amusait pas en chemin. Il interrom-