Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/143

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sujets de conversation les plus récents et les modes les plus nouvelles. Toutes les deux sautèrent donc en même temps au cou du vieux Caleb, et s’écrièrent ensemble :

« Eh, bon Dieu ! M. Balderstone, est-ce bien vous ? Votre visite nous portera bonheur ; asseyez-vous, asseyez-vous là… Mon mari sera enchanté de vous voir ; vous ne l’aurez jamais trouvé de si bonne humeur de toute votre vie. Mais nous devons baptiser notre enfant ce soir, comme vous l’avez sans doute entendu dire, et vous allez rester pour assister à la cérémonie. Nous avons tué un mouton, et un de nos ouvriers est sorti avec son fusil pour aller au marais… Vous aimiez le gibier autrefois, ce me semble ? — Non, non, ma bonne femme, dit Caleb, je suis venu seulement pour vous faire mon compliment de félicitation, et j’aurais été bien aise de parler à votre mari ; mais… » Et il fit un mouvement pour s’en aller.

« Vous ne vous en irez pas, » dit la vieille mère en riant et le retenant avec un air de liberté qu’autorisait leur ancienne connaissance ; « votre départ serait d’un mauvais augure pour notre petit enfant. — Mais je suis extrêmement pressé, bonne mère, répliqua le sommelier, tout en se laissant entraîner vers un siège sans faire beaucoup de résistance ; « quant à manger, » ajouta-t-il, en voyant la maîtresse de la maison s’empresser de mettre un couvert devant lui, « quant à manger, ah ! mon Dieu ! nous n’en pouvons plus là-haut à force de manger depuis le matin jusqu’au soir ; c’est une véritable vie d’épicuriens, et c’est vraiment honteux. Mais voilà ce que nous avons gagné à introduire les maudits puddings anglais. — Bah ! laissez donc là vos puddings anglais, dit Luckie Lightbody ; goûtez des nôtres, M. Balderstone ; en voilà du noir, en voilà du blanc ; voyez celui que vous trouverez le meilleur. — Tous les deux bons, tous les deux excellents, ils ne sauraient être meilleurs ; mais l’odeur seule me suffit après le dîner que je viens de faire. (Le malheureux n’avait rien pris de toute la journée.) Cependant je ne voudrais pas faire un affront à votre talent pour la cuisine, ma bonne femme, et avec votre permission je vais les envelopper dans ma serviette, et je les mangerai ce soir ; car je suis las de la pâtisserie de Mysie : vous savez que j’ai toujours préféré les plats du pays, Marion, et les filles du pays aussi, » ajouta-t-il en regardant la femme du tonnelier. Mais, en vérité, je crois qu’elle a meilleure mine que lorsqu’elle épousa Gilbert, et c’était la plus jolie fille de notre