Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnes de la même classe. Il répondit néanmoins, mais sans y mettre beaucoup d’empressement, qu’il était redevable à tous ceux qui voulaient bien avoir une bonne opinion de lui ; puis, adressant quelques mots d’excuses à ses hôtes, il sortit pour aller prendre les arrangements convenables aux circonstances.

En se concertant avec la vieille Mysie, les dispositions pour la nuit furent bientôt faites, et d’ailleurs il n’y avait guère de choix. Le Maître céda son appartement à miss Ashton, et Mysie, personnage très-important autrefois, ayant mis une robe de satin noir qui avait appartenu à la grand’mère de Ravenswood, et avait figuré dans les bals de la cour d’Henriette-Marie, fut désignée pour remplir les fonctions de femme de chambre. Il demanda ensuite ce qu’était devenu Bucklaw et apprenant qu’il était à l’auberge avec les chasseurs et quelques camarades, il chargea Caleb d’aller le trouver, de lui expliquer l’embarras où il était à Wolf’s-Crag, et de lui donner à entendre que ce serait lui rendre service que de se procurer un lit dans le village, attendu que le vieux papa devait nécessairement être logé dans la chambre secrète, la seule qui pût convenablement lui être offerte. Le Maître ne crut pas qu’il fût bien pénible de passer la nuit auprès du feu de la salle, bien enveloppé dans son manteau de campagne ; car même les domestiques des maisons écossaises, de celles du plus haut rang, et les jeunes gens de famille, ou d’une classe un peu relevée, ont toujours, dans des circonstances imprévues, regardé de la paille fraîche, ou un grenier à foin, comme formant un très-bon lit.

Quant au reste, Lockhard avait reçu l’ordre de son maître d’apporter de l’auberge un peu de venaison, et Caleb devait compter sur ses ressources pour sauver l’honneur de la famille. Son maître, il est vrai, lui offrit de nouveau sa bourse ; mais comme c’était en présence du domestique de l’étranger, il se crut obligé de refuser ce que ses doigts brûlaient de toucher. « Ne pouvait-il pas me la glisser doucement dans la main ? dit-il ; mais Son Honneur ne saura jamais se conduire dans des occasions de cette nature. »

Pendant ce temps-là, Mysie, suivant l’usage universellement observé dans les parties reculées de l’Écosse, offrit aux étrangers le produit de sa petite laiterie, en attendant que le dîner fût prêt ; et suivant une autre coutume, qui n’est pas encore entièrement