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se concilie aisément avec la tradition de famille. Une des notes marginales de la satire mentionne également les imprécations de la fiancée, le mariage de Baldoon, et attribue à la mère de la jeune fille la violation du serment de celle-ci. Sir William Hamilton de Whitelaw, l’auteur de la satire, était un rival de lord Stair, président de la cour des assises ; c’était un homme bien inférieur en talents à ce grand légiste, et également maltraité par la calomnie ou par la juste réprobation de ses contemporains, qui l’appelaient un juge partial. Quelques-unes des notes sont du laborieux antiquaire Robert Milne, qui, jacobite virulent, prêta volontiers sa plume pour noircir la famille des Stair.

Un autre poète de la même époque, avec un dessein différent, a laissé une élégie dans laquelle il déplore la destinée de cette malheureuse jeune personne, dont Whitelaw, Dunlop et Milne ont fait le sujet de leurs sales bouffonneries. Ce poète, d’un caractère plus bienveillant, se nommait Andrew Symson ; avant la révolution, il était ministre de Kirkinner, en Galloway, et après son expulsion comme épiscopal, il exerçait la profession d’imprimeur à Édimbourg. Il remit à la famille de Baldoon, avec laquelle il paraît avoir eu des relations intimes, une élégie sur l’événement tragique arrivé dans cette famille ; il y parle de la mort de la fiancée avec une solennité mystérieuse. Les vers portent le titre suivant : « Sur la mort inopinée de la vertueuse lady Jeannette Dalrymple, femme Baldoon jeune, » et ils donnent les dates précises de la catastrophe, lesquelles, sans cela, n’eussent pu être indiquées aisément ; les voici : « Mariée le 12 août ; conduite chez le fiancé le 24 : morte le 12 septembre ; ensevelie et inhumée le 30 septembre 1669. » La forme de cette élégie est un dialogue entre un passant et un domestique de la maison. Le premier, se rappelant qu’il avait passé récemment sur le lieu de la scène, et qu’il y avait trouvé toutes les apparences de la gaîté avec tout l’appareil d’une fête, désire savoir ce qui a pu changer une scène si riante en un deuil lugubre. Le domestique répond en racontant l’événement dans ses détails les plus minutieux, et qu’il serait fastidieux, peut-être, de reproduire ici, les vers de Symson étant peu digne d’un sujet si tragique.

Il est inutile de dire au lecteur que la sorcellerie de la mère ne consistait que dans l’ascendant d’un esprit supérieur et déterminé sur un caractère faible et mélancolique, et que la dureté avec laquelle cette mère exerçait sa puissance avait poussé sa fille