Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maître, il demanda gravement s’il ne servirait pas quelques légers rafraîchissements à la jeune dame, et un verre de Tokai, ou de vin des Canaries, ou… — Trêve à vos folies hors de saison, dit Ravenswood ; mettez les chevaux à l’écurie et ne nous fatiguez pas plus long-temps de vos absurdités. — Votre Honneur sera toujours obéie dans tout ce qu’elle désire, dit Caleb ; néanmoins, quant aux vins des Canaries et de Tokai, que vos honorables hôtes ne paraissent pas disposés à accepter… »

Mais, en ce moment, la voix de Bucklaw, qui se faisait entendre au milieu du bruit du pas des chevaux et du son des cors, annonça qu’il s’approchait de la tour, à la tête de la plus grande partie des chasseurs.

« Je les défie, » dit Caleb, prenant courage en dépit de cette nouvelle invasion de Philistins, d’être plus fins que moi. Cet infernal étourdi ! m’amener une pareille troupe de bandits, qui s’attendent à trouver de l’eau-de-vie en aussi grande abondance que de l’eau de puits ; et cela, lorsqu’il connaît parfaitement la position dans laquelle nous nous trouvons à présent ! Mais je crois que, si je pouvais me débarrasser de ces rustauds de laquais qui se sont introduits dans la cour, à la suite de leurs supérieurs, comme plus d’un flatteur qui cherche à se pousser, je me tirerais d’affaire au bout du compte. »

Le lecteur verra dans le chapitre suivant les mesures qu’il adopta pour exécuter cette courageuse résolution.






CHAPITRE X.

le lord keeper au château de ravenswood.


Avec un gosier altéré et des lèvres desséchées, bouche ouverte, ils l’entendirent appeler ; ils grimacèrent un sourire de remercîment, puis tout à coup se turent, comme s’ils avaient été occupés à boire.
coleridge. Poëme de l’ancien Marinier.


Hayston de Bucklaw était un de ces hommes inconsidérés qui n’hésitent jamais entre un ami et un bon mot. Lorsqu’on annonça que les principaux acteurs de la chasse s’étaient dirigés vers Wolf’s-Crag, les chasseurs proposèrent, comme une marque de civilité, d’y transporter la venaison. Cette proposition fut acceptée par Bucklaw, qui s’inquiétait beaucoup de l’épouvante du pauvre Caleb Balderstone en voyant arriver une troupe aussi nombreuse, mais très légèrement de l’embarras auquel il allait expo-