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exigerait satisfaction. Il ne survécut pas long-temps à la terrible catastrophe : s’étant fait une blessure grave en tombant de cheval, dans une promenade entre Leith et Holy-Rood, près d’Édimbourg, il mourut le lendemain de cet accident, c’est-à-dire le 28 mars 1682. Ainsi, peu d’années séparèrent les principaux acteurs de cette épouvantable tragédie.

Il circula plusieurs versions sur cette mystérieuse affaire, la plupart très-inexactes et fort exagérées. Il était difficile d’acquérir en ces temps une connaissance précise de l’intérieur d’une famille écossaise au-dessus de la classe moyenne, et il se passait alors des choses étranges, que la loi ne recherchait point avec un scrupule véritable.

Le crédule M. Law dit, d’une manière générale, que le lord président Stair avait une fille qui, le soir de ses noces, lorsqu’elle venait de se mettre au lit, fut arrachée des bras de son mari, et traînée dans l’intérieur de la maison par des esprits, dit-on, pour expirer bientôt après. Une autre fille, dit le même historien, fut possédée du démon.

Mon ami, M. Sharp, donne une autre version de l’histoire. Selon les renseignements par lui recueillis, ce fut le marié qui blessa la mariée. Le mariage, d’après ce récit, avait eu lieu contre le gré de la mère de la fiancée, et cette mère avait donné son consentement à sa fille en prononçant ces paroles sinistres : Épousez-le, mais bientôt vous vous en repentirez. »

Je trouve encore un autre récit, obscurément rapporté dans quelques vers grossiers dont je possède une copie. Ils ont pour titre : « Vers sur le dernier vicomte Stair et sa famille, par sir William Hamilton de Whitelaw. » Il existait une querelle vive et une rivalité personnelle entre l’auteur de ce libelle et le lord président Stair, et la satire, qui est écrite avec plus de méchanceté que d’art, porte pour distique ces mots : « Stair a le cou tors, l’esprit faux, une femme méchante, des fils plus méchants encore, un aïeul parricide, et le reste à l’avenant. »

Ce haineux satirique, en rappelant toutes les infortunes de la famille, n’oublie pas le fatal mariage de Baldoon. Quoique ces vers soient obscurs et prosaïques, ils montrent que la violence exercée sur le fiancé le fut par le terrible ennemi auquel la jeune lady s’était abandonnée, dans le cas où elle romprait son engagement avec son premier amant. L’hypothèse est en contradiction avec le récit donné sur les notes des mémoires de Law ; mais elle