Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/109

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plaisance peu ordinaire dans une partie de chasse, « oserais-je prier Votre Honneur de faire usage du mien. — Monsieur, » répondit Ravenswood plus surpris que satisfait d’une telle proposition, « je ne sais réellement pas comment j’ai pu mériter une semblable faveur de la part d’un étranger. — Oh ! ne faites pas de questions là-dessus, dit Bucklaw, qui, bien malgré lui, avait jusqu’alors retenu son excellent coursier pour ne pas dépasser celui de son hôte ; prenez le bien que Dieu vous envoie, comme dit le grand Jean Dryden… ou bien attendez, tenez, mon ami, prêtez-moi ce cheval ; je vois depuis une demi-heure que vous avez de la peine à le retenir ; s’il a le diable dans le corps, je l’en ferai bien sortir. Maintenant, maître, prenez le mien, qui vous portera avec la rapidité d’un aigle.

Et jetant la bride de son cheval au Maître de Ravenswood, il s’élança sur celui que l’étranger lui cédait, et continua sa course au grand galop.

« Vit-on jamais un pareil étourdi ? dit Ravenswood ; et vous, mon ami, comment avez-vous pu lui confier votre cheval ? — Le cheval, dit l’homme, appartient à une personne qui sera toujours disposée à accueillir Votre Honneur et vos honorables amis. Et son nom est… ? demanda Ravenswood. — Votre Honneur voudra bien m’excuser, répondit l’étranger ; vous l’apprendrez d’elle-même. Si vous voulez bien prendre le cheval de votre ami et me laisser votre galloway[1], je vous rejoindrai à la curée ; car j’entends que l’on sonne aux abois. — Je crois, mon ami, que ce sera le meilleur moyen de recouvrer votre bon cheval, » répondit Ravenswood ; et montant sur le coureur de son ami Bucklaw, il se dirigea avec le plus de vitesse possible vers l’endroit où le son du cor annonçait que le cerf était au moment de se rendre.

Ces sons joyeux étaient entremêlés des cris des chasseurs, comme : Hyke à Talbot ! Hyke a Teviot ! now, boys, now[2] ; et semblables exclamations encourageantes de l’ancienne vénerie, auxquelles les aboiements impatients des chiens, tout près alors de l’objet de leur poursuite, venaient se joindre, pour faire de cet ensemble un chorus prolongé. Les cavaliers épars commencèrent à se rallier dans le lieu de la scène, en accourant de toutes parts comme vers un centre commun.

  1. Espèce de petit cheval bien constitué et alerte. C’est un nom générique. a. m.
  2. « Courage ! Talbot ; huau ! allons, mes garçons, allons ! » Talbot et Teviot sont des noms de chiens de chasse. a. m.