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Le mariage entre Jeannette Dalrymple et David Dunbar de Baldoon se conclut, la fiancée ne montrant aucune répugnance, mais étant absolument passive dans tout ce que sa mère commandait ou avisait. Le jour de la cérémonie nuptiale, qui, suivant l’usage d’alors, fut célébrée avec pompe et un nombreux concours d’amis et de parents, la jeune fille se montra la même, triste, silencieuse et résignée, comme il semblait convenir à sa destinée. Une dame en intimité avec la famille apprit à l’auteur qu’elle avait conversé sur ce sujet avec un des frères de la mariée, garçon tout jeune encore à cette époque, et qui s’était rendu à cheval, au-devant de sa sœur, à l’église. Il déclara que la main de cette sœur, posée sur la sienne pendant qu’elle lui avait passé le bras autour du corps, était aussi froide que le marbre ; mais, tout occupé qu’il était de son nouvel habit et de la part active qu’il avait dans la cérémonie, la circonstance, que depuis il s’est longtemps rappelée avec amertume, ne fit à ce moment aucune impression sur lui.

La cérémonie nuptiale fut suivie de danses, et le marié et la mariée se retirèrent, suivant l’usage, dans la chambre qui leur était réservée. Tout à coup il s’en échappa des cris terribles et perçants. Pour empêcher toute plaisanterie grossière, que les anciens temps admettaient peut-être, la coutume était alors que la clef de la chambre nuptiale fût confiée au garçon de noce ou compagnon de l’époux. On l’appela aussitôt, mais il refusa d’abord de donner la clef, jusqu’au moment où de nouveaux cris devinrent tellement affreux, qu’il dut céder pour en savoir la cause. En ouvrant la porte de l’appartement, on trouva le marié étendu près du seuil, horriblement blessé et nageant dans son sang. La mariée se trouvait dans le coin d’une grande cheminée, sans autre vêtement que sa chemise tachée de sang. Là elle s’accroupit en grinçant des dents, et en grimaçant comme une insensée. Les seules paroles qu’elle prononça furent celles-ci : « Emportez votre jolie fiancée. » Elle ne survécut pas à cette cruelle scène au-delà de quinze jours, ayant été mariée le 24 août, et étant morte le 12 septembre 1669.

L’infortuné Baldoon guérit de ses blessures ; mais il défendit expressément toutes recherches sur la manière dont il les avait reçues. Si une dame, disait-il, le questionnait à cet égard, il ne répondrait pas et ne lui parlerait plus jamais ; si c’était un homme, il regarderait la demande comme une injure mortelle, et dont il