Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/78

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vérité, il en est un aux commandements duquel il faut que j’obéisse avant de me conformer à ceux de Votre Seigneurie. Ce maître est au-dessus des rois, des paysans et de toutes les créatures humaines.

— Que voulez-vous dire, vieille folle ? Pensez-vous que j’ordonne quelque chose qui puisse blesser la conscience ? — Je ne prétends pas dire cela au sujet de la conscience de Votre Seigneurie, qui a été imbue des principes épiscopaux ; mais chacun doit marcher d’après ses propres lumières ; et les miennes, » dit Mause, devenant plus hardie à mesure que la conférence s’animait, « les miennes m’ordonnent de quitter ma chaumière, mon jardin potager, mon petit pâturage, et de souffrir tout plutôt que de consentir, moi ou les miens, à soutenir une cause déloyale. — Déloyale !… s’écria la maîtresse : la cause à laquelle vous êtes appelée par votre noble dame et maîtresse, par la volonté du roi, par l’arrêt du conseil, par l’ordre du seigneur lieutenant, par l’ordonnance du shériff !

— Oui, milady, sans doute ; mais qu’il plaise à Votre Seigneurie de se rappeler qu’il y avait jadis un roi dans l’Écriture, que l’on nommait Nabuchodonosor, qui éleva une statue d’or dans la plaine de Dura, comme qui dirait sur le bord de l’eau, dans l’endroit même où la revue a eu lieu hier : et les princes, les gouverneurs, les capitaines et les juges eux-mêmes, les trésoriers, les conseillers et les shériffs, furent mandés pour assister à cette inauguration, et reçurent l’ordre de se prosterner devant la statue, pour l’adorer, au son des trompettes, des flûtes, des harpes, des psaltérions, et de toutes sortes d’instruments de musique. — Que signifie cela, insensée ? et qu’a donc affaire Nabuchodonosor avec le Wappen-Schaw du canton de Clydesdale ? — Sans aller plus loin, milady, » continua Mause avec fermeté, « l’épiscopat est semblable à la grande statue d’or de la plaine de Dura ; et de même que Sidrach, Meschach et Abednego furent emmenés pour n’avoir pas voulu se prosterner et adorer, de même Cuddie Headrigg, pauvre laboureur de Votre Seigneurie, du consentement de sa vieille mère, ne fera de génuflexions et d’adorations, ainsi qu’on les nomme dans les maisons des prélats et des curés, ni ne se couvrira de son armure pour la défense de leur cause, au son des tambours, des gogues, des cornemuses, ou de toute autre espèce d’instrument que ce puisse être. »

Lady Marguerite Bellenden, stupéfaite, écouta ce commentaire de l’écriture avec la plus grande indignation.

« Je vois de quel côté souffle le vent ! » s’écria-t-elle après un