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INTRODUCTION


MISE EN TÊTE DE LA PREMIÈRE ÉDITION D’ÉDIMBOURG.




Le personnage remarquable appelé Old Mortality, ou Vieillard des Tombeaux[1], était très-connu en Écosse vers la fin du siècle dernier. Son vrai nom était Robert Paterson. Il était né, dit-on, au village de Gloseburn, dans le comté de Dumfries, et exerçait probablement l’état de maçon, du moins il avait été élevé au maniement du ciseau. On ignore si ce fut par suite de dissensions domestiques, ou par le sentiment profond et enthousiaste d’un prétendu devoir, qu’il abandonna son domicile et adopta le singulier genre de vie qu’il mena, errant dans toute l’Écosse comme un pèlerin. Ce ne put être la pauvreté qui le porta à entreprendre tous ses voyages, car il n’accepta jamais rien au-delà de l’hospitalité que l’on était toujours disposé à lui accorder ; et lorsqu’on ne la lui offrait pas, il avait toujours assez d’argent pour subvenir à ses modestes besoins. Sa personne et son occupation favorite, nous pouvons même dire unique, sont exactement décrites dans le chapitre préliminaire de cet ouvrage.

Il y a environ trente ans que l’auteur rencontra ce singulier personnage dans le cimetière de Dunnottar, lors d’une visite qu’il fit au savant et excellent ecclésiastique M. Walker, alors ministre de cette paroisse, avec le dessein de recueillir des renseignements sur les ruines du château de Dunnottar, et sur quelques autres objets d’antiquité situés dans le voisinage. Le Vieillard des tombeaux se trouva par hasard en cet endroit, se livrant à l’occupation ordinaire de son pèlerinage ; car le château de Dunnottar, quoique situé dans le district de Mearns qui s’était montré contraire au Covenant, était connu pour avoir été le théâtre de tous les genres d’oppression exercés contre les caméroniens sous le règne de Jacques II.

Ce fut en 1685, lorsque Argyle menaçait l’Écosse d’une descente, et que Montmouth se préparait à faire une invasion sur la

  1. Ou vieillard de la mort, et mot à mot, la vieille mortalité, par allusion à son âge ou aux tombes qu’il prend à tâche de visiter et de restaurer pendant plus de quarante ans, comme on le verra bientôt. La première traduction de ce roman a paru sous le titre des Puritains d’Écosse. a. m.