Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/59

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remarquait dans toutes les parties du château de son oncle, il arriva près de la porte verrouillée, à laquelle, selon l’usage, il frappa un léger coup. C’était ainsi qu’il avait coutume de demander qu’on lui ouvrît, lorsque quelque circonstance le retenait dehors après l’heure de repos établie au château de Milnwood. Alors il donnait un coup incertain, dont le son même semblait annoncer l’aveu d’une peccadille, et solliciter plutôt que commander l’attention. Après qu’il eut répété plusieurs fois ce coup, la vieille ménagère, grommelant entre ses dents, quitta le coin de la salle, et s’enveloppant la tête d’un mouchoir pour se préserver du froid, traversa le passage en pierre : « Qui est là à cette heure de la nuit ? » répéta-t-elle plusieurs fois avant d’ôter les verrous et les barres ; puis enfin elle ouvrit la porte avec précaution.

— Vous arrivez à une belle heure, monsieur Henri, » dit la vieille femme avec la tyrannique insolence d’une servante favorite et gâtée par son maître. « Est-il donc convenable de troubler à une telle heure une maison paisible et d’obliger les gens à veiller pour vous attendre ? Votre oncle est au lit depuis trois heures. Robin est malade de son rhumatisme, il est allé se coucher aussi ; et moi j’ai été obligée de rester ici pour vous attendre, en dépit du mal de gorge qui me fait tant souffrir. «

Ici elle se mit a tousser deux ou trois fois, pour persuader an jeune homme que ce qu’elle lui disait était véritable et qu’elle avait beaucoup souffert pour l’attendre.

« Je vous suis fort obligé, Alison, je vous fais mille remercîments. — Comment, monsieur ! et à quoi pensez-vous, vous qui êtes si poli ? Sachez que tout le monde m’appelle mistress Wilson, et M. Milnwood lui-même est le seul, je crois, qui m’appelle Alison : et encore m’appelle-t-il aussi souvent mistress Alison. — Eh bien donc, mistress Alison, dit Morton, je suis réellement fâché de vous avoir fait attendre si long-temps. — Maintenant que vous êtes rentré, monsieur Henri, dit la vieille femme, pourquoi ne prenez-vous pas votre chandelle et n’allez-vous pas au lit ? gardez-vous de laisser couler votre lumière le long des boiseries de la salle, afin que je ne sois pas obligée de gratter la maison pour enlever le suif. — Mais, Alison, en vérité, avant d’aller au lit, je désirerais avoir un pot de bière et quelque chose à manger. — Vous, manger et boire, monsieur Henri ! En vérité je ne vous conçois pas. Pensez-vous donc que nous n’avons pas appris que vous aviez abattu le perroquet ; que vous aviez brûlé autant de