Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

litaire. Curieux de connaître l’issue de ce combat, les assistants les entourèrent.

Dans la première épreuve, le sergent parut avoir l’avantage ; il en fut de même dans la seconde, quoique aucune d’elles ne pût être considérée comme décisive. Mais il était facile de voir que Bothwell avait fait de toute sa force un usage trop subit, qu’il n’avait pas assez ménagé sa vigueur contre un antagoniste plein de force et d’adresse, et qu’il était difficile de fatiguer ou d’épuiser. Dans la troisième épreuve, l’inconnu, soulevant son ennemi de terre avec dextérité, le jeta sur le plancher avec une telle violence que celui-ci resta quelques minutes étourdi et sans mouvement. Son camarade Holliday, tirant alors son épée : « Vous avez tué mon sergent, cria-t-il au lutteur victorieux, et, par tout ce qu’il y a de plus sacré dans le monde, vous m’en rendrez raison ! — Arrêtez, » s’écrièrent Morton et tous ses compagnons, « il n’y a point eu de surprise, tout s’est passé convenablement, et votre camarade a reçu le prix qu’il méritait. — C’est vrai, » dit Bothwell en se relevant avec peine, « rengainez, Tom ; je ne pensais pas qu’un gueux de puritain pût jamais se vanter d’avoir jeté sur le carreau d’une misérable auberge un des meilleurs champions du régiment des gardes. Et vous, l’ami, dit-il à l’étranger, donnez-moi votre main : je vous promets, » ajouta-t-il en la serrant avec force, « qu’un jour viendra où nous nous reverrons. Nous combattrons alors d’une manière plus sérieuse, si vous le trouvez bon. — Je vous promets, » répondit l’inconnu lui serrant alors la main avec une égale force, « qu’à notre prochaine rencontre je ferai courber votre tête de manière qu’il vous sera difficile de la relever. — Très-bien, l’ami, répondit Bothwell : si tu es un whig, tu es robuste et brave au moins. Mais écoute, je te veux du bien : tu ne feras pas mal de prendre ton bidet avant la ronde du capitaine ; car, foi de sergent, il en a arrêté de moins suspects que toi. »

L’étranger pensa sans doute que cet avis n’était pas à négliger ; car il acquitta sa dépense, et, se rendant à l’écurie, il sella et amena dehors un superbe cheval noir : en cet instant, il fut rejoint par le reste de la compagnie et par Morton lui-même ; et s’adressant à ce jeune homme : « Je me dirige vers Milnwood, où vous demeurez, dit-on, monsieur ; permettez-moi de profiter de l’avantage et de la protection que m’offre votre compagnie. — Volontiers, » dit Morton, quoique au fond les manières sombres et farouches de cet homme lui déplussent souverainement.