Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pléter sa disgrâce, lady Marguerite Bellenden, qui ignorait encore qu’un de ses guerriers servait ainsi de jouet à l’assemblée, survint assez à temps pour voir son chétif vassal dépouillé de la peau du lion.

Comme elle n’avait point eu connaissance de cette métamorphose, et que la cause même lui en était inconnue, sa surprise et son ressentiment furent extrêmes ; les excuses et les explications de l’intendant et du sommelier ne purent que très-difficilement l’apaiser. Elle prit sur-le-champ la route de son château, tout indignée des rires et des acclamations des spectateurs, et bien disposée à se venger de cet affront sur le vassal réfractaire dont le malheureux Gibbie avait si tristement rempli la place. La plus grande partie de la noblesse se dispersait alors, chacun se rendant à son manoir ; et la comique aventure des vassaux de Tillietudlem leur fournissait un ample sujet d’amusement. Les cavaliers s’éloignaient aussi par petites troupes. Quant à ceux qui avaient exercé leur adresse au jeu du perroquet, un ancien usage les obligeait avant le départ de vider une coupe avec leur capitaine.






CHAPITRE IV.

l’auberge de niel.


Dans les foires, il marchait en tête des lanciers jouant de la cornemuse ; il portait gaiement l’habit militaire ; sur lui brillaient et le casque d’acier, et la lance, et l’épée. Mais maintenant que Habbie n’est plus, qui marchera devant nos guerriers en jouant de la cornemuse ?
Élégie sur Habbie Sympson.


La cavalcade se dirigeait vers une petite ville voisine ; Niel Blane, le joueur de cornemuse, marchait en tête. Armé d’un poignard et d’une longue épée, il montait un petit cheval blanc. Les rubans qui ornaient sa cornemuse auraient suffi pour parer six villageoises se rendant à la foire ou au prône. Niel était un homme propre, élégant, bien fait, aux poumons infatigables ; il avait obtenu par son talent la place importante de musicien de la ville, et tous les avantages attachés à cet emploi, qui consistaient en la jouissance du piper’s croft, ou clos du joueur, nom qu’on donne encore de nos jours à un petit champ d’un acre d’étendue, en cinq marcs d’argent, plus un habit neuf à livrée, orné des couleurs de la ville, qu’il recevait tous les ans ; il pouvait même