Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/339

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plus à cette fille ; mais réunis-toi à nos frères exilés, dont les cœurs sont toujours tournés vers ce misérable pays pour le sauver et le relever de sa ruine : il y en a un grand nombre en Hollande qui attendent l’instant de notre délivrance. Réunis-toi à eux comme le digne fils du brave Silas Morton, et ils t’accueilleront par respect pour sa mémoire et par égard pour tes propres services. Si tu es trouvé digne de travailler encore dans la vigne du Seigneur, tu auras en tout temps de mes nouvelles, en t’informant de Quentin Mackel d’Iron-Gray, chez cette excellente chrétienne Bessie Maclure, dont la demeure est voisine de l’auberge de Niel Blane. Tels sont les avis que te donne un homme qui espère entendre parler de toi comme d’un frère fidèle, luttant dans le sang contre le péché. En attendant, sois patient ; garde ton glaive à ta ceinture, et ta lampe allumée, comme celui qui veille pendant la nuit ; car celui qui jugera le mont d’Esaü, et qui dispersera les faux prophètes comme la paille, et les réprouvés comme le chaume, celui-là viendra à la quatrième veille avec des vêtements teints de sang, et la maison de Jacob sera pour le pillage, et la maison de Joseph pour le feu. L’homme qui écrit cette lettre est celui dont la main s’est levée contre les puissants du siècle sur le champ de carnage. »

Cette lettre extraordinaire était signée J. B. de B. ; mais ces initiales n’étaient pas nécessaires pour faire deviner à Morton qu’elle ne pouvait venir que de Burley. Il ne put s’empêcher d’admirer de nouveau l’esprit indomptable de cet homme qui, avec autant d’adresse que de courage et de persévérance, travaillait en ce moment même à renouer les fils d’une conspiration qui avait eu si récemment un funeste succès. Quant aux menaces de Burley contre la famille de Bellenden, il ne les attribuait qu’à son ressentiment de la belle défense qu’avait faite le château de Tillietudlem : il lui semblait d’ailleurs bien peu probable qu’au moment où le parti royaliste était victorieux, un ennemi fugitif et sans ressource pût exercer la moindre influence sur le sort de cette famille.

Cependant Morton hésita un instant s’il ne donnerait point avis au major ou à lord Evandale des menaces de Burley. En y réfléchissant, il pensa que ce serait commettre un abus de confiance, car il eût été inutile de les prévenir de ces menaces sans leur indiquer en même temps le moyen de les prévenir en s’emparant de la personne de Burley, mais en agissant ainsi, il se serait