Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/335

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mots, dont les derniers furent les seuls que l’on entendit : « Tu as dit que ton peuple obéirait au joug de ton pouvoir. »

Le duc de Lauderdale promena les yeux autour de lui sur les membres du conseil, comme pour recueillir leurs muets suffrages, puis il fit un signe au bourreau, dont le maillet descendit à l’instant sur le coin, qui, poussé entre le genou et la botte de fer, causa au patient la plus cruelle douleur, comme le fit voir évidemment la rougeur qui se répandit subitement sur ses joues et sur son front. Le bourreau releva son maillet, et se tint prêt à frapper un second coup.

« Voulez-vous dire, répéta le duc, où et quand vous avez laissé Balfour de Burley la dernière fois que vous l’avez vu ? — Je vous ai répondu, » dit le patient avec intrépidité, et le marteau frappa un second coup, puis un troisième, puis un quatrième ; mais au cinquième, quand on eut introduit un coin plus épais, le prisonnier poussa un cri d’angoisse.

Morton sentait son sang bouillonner dans ses veines pendant cette horrible scène ; enfin, ne pouvant supporter plus long-temps ce spectacle, quoiqu’il fût sans armes, et lui-même dans un grand danger, il allait s’élancer de son siège, quand Claverhouse, qui remarquait son émotion, le retint par force en lui mettant une main sur l’épaule et l’autre sur la bouche. « Pour l’amour de Dieu ! » lui dit-il à voix basse, « songez où vous êtes. »

Heureusement pour Morton, ce mouvement ne fut pas aperçu des autres membres du conseil, qui donnaient toute leur attention à ce qui se passait devant eux.

« Il a perdu connaissance, dit le médecin ; il est évanoui, milords ; la nature humaine n’en peut endurer davantage. — Donnez-lui quelque repos, » dit le président ; et se tournant vers Dalzell, il ajouta : « Il confirmera le vieux proverbe, car il n’ira guère à cheval aujourd’hui, quoiqu’il ait mis ses bottes. Je pense qu’il faut en finir avec lui… Oui, que l’on dépêche sa sentence, et que nous en soyons débarrassés. Nous avons encore beaucoup de besogne. »

On employa les eaux spiritueuses et les essences pour rappeler les sens de l’infortuné captif ; et aussitôt qu’à sa faible respiration on jugea qu’il revenait à la vie, le duc prononça sa sentence de mort, comme traître pris en rébellion ouverte, et ordonna qu’il serait conduit de la barre à la place des exécutions, pour y être pendu par le cou, avoir la tête et les mains coupées après le sup-