Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rais davantage, dans l’intérêt de tous les partis, d’une fête plus pacifique. »

En parlant ainsi ils arrivèrent auprès du commandant en chef, qui, ayant plusieurs officiers autour de lui, était sur une colline d’où l’on découvrait au loin le pays environnant et les détours de la Clyde, et même le camp des insurgés. Ces officiers paraissaient étudier le terrain, pour dresser un plan d’attaque. Le capitaine Humley, s’approchant de Montmouth, lui présenta Morton, et le duc fit signe à tous ceux qui l’entouraient de se retirer, retenant seulement près de lui deux officiers supérieurs. Pendant qu’ils s’entretenaient quelques minutes à voix basse, avant que Morton eût reçu la permission de s’avancer, celui-ci eut le temps d’examiner les personnages avec lesquels il allait traiter.

Il était impossible de voir le duc de Montmouth sans être captivé par l’agrément et les grâces de sa personne, si élégamment décrite depuis par Dryden, le grand-prêtre des muses anglaises. Cependant, aux yeux d’un observateur attentif, quelque chose nuisait à la noble beauté des traits de Montmouth : c’était un air d’irrésolution qui faisait croire qu’il hésitait et doutait dans les moments où il était le plus nécessaire d’agir avec résolution.

À côté de lui était Claverhouse, que nous avons déjà fait connaître au lecteur, avec un autre officier-général dont l’extérieur était singulièrement frappant. Il portait un habit à l’ancienne mode, du temps de Charles Ier en peau de chamois, bizarrement tailladé, et couvert de galons et de broderies antiques. Ses bottes et ses éperons étaient de la même époque. On voyait sur sa poitrine une plaque de métal, sur laquelle descendait une longue et vénérable barbe grise, signe de deuil en l’honneur de Charles Ier, car il ne l’avait pas coupée depuis le jour où ce prince était monté sur l’échafaud. Sa tête était découverte et totalement chauve. Son front haut et ridé, ses yeux gris et perçants, ses traits fortement prononcés, annonçaient une vieillesse que les infirmités n’avaient point affaiblie, et une sombre intrépidité que n’adoucissait aucun sentiment d’humanité. Tel est le portrait, faiblement esquissé, du célèbre général Thomas Dalzell[1], homme plus redouté et plus

  1. Dans les mémoires de Crichton, publiés par Swift, où l’on trouve une description détaillée des habillements et de la parure de ce personnage remarquable, la relation suivante de sa rencontre avec John Paton de Meadowhead montre que dans la bataille au moins il portait des bottes fortes, à moins que le lecteur ne soit porté à croire qu’il avait réellement un charme qui le mettait à l’épreuve des balles. « Dalzell, dit le biographe de Paton, fit avancer toute l’aile gauche de son armée