Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/270

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tout le mal qu’ils ont fait au pays. Burley a déjà pendu un ou deux de leurs compagnons : ils songent donc à échapper au supplice, aux dépens de la vie des honnêtes gens. — Et vous venez, dit Morton, apporter à lord Evandale cette affligeante nouvelle ? — Justement, répliqua Jenny. Tom Holliday m’a tout conté ; c’est lui qui m’a fait sortir du château pour que je vinsse parler à lord Evandale si je pouvais arriver jusqu’à lui. — Mais en quoi peut-il vous secourir ? demanda Morton ; il est prisonnier. — C’est vrai, répondit Jenny ; mais il peut obtenir une capitulation avantageuse pour nous… il peut nous donner quelques bons avis ; il peut envoyer à ses dragons l’ordre d’être plus dociles… ou… — Ou peut-être, dit Morton, que vous essaierez de le mettre en liberté, s’il est possible. — Si cela était, » répondit résolument Jenny, « ce ne serait pas la première fois que j’aurais cherché à tirer un ami de prison. — En vérité, répliqua Morton, j’étais bien ingrat de l’oublier. Mais voici Cuddie avec des rafraîchissements. Pendant que vous prendrez quelque nourriture, je m’acquitterai de votre message auprès de lord Evandale. — Il faut que vous sachiez, » dit Cuddie à son maître, « que madame Jenny, que voici, tâchait de gagner Tom Rand, le garçon meunier, pour qu’il la laissât entrer dans la chambre de lord Evandale sans que personne le sût. Elle ne savait pas, la petite bohémienne ! que j’étais sur ses talons. — Et vous m’avez fait une terrible peur quand vous êtes venu sur moi et que vous m’avez saisie, » dit Jenny en le pinçant légèrement avec l’index et le pouce. « Si vous n’aviez pas été une ancienne connaissance, mauvais sujet… »

Cuddie, un peu apaisé, regarda en ricanant sa rusée maîtresse, pendant que Morton, s’enveloppant de son manteau et mettant son épée sous son bras, se dirigea vers la chaumière où était enfermé lord Evandale. Il demanda aux sentinelles s’il n’était rien arrivé d’extraordinaire.

« Rien de remarquable, dirent-ils, si ce n’est la jeune fille que Cuddie a arrêtée, et deux courriers que Burley a dépêchés, l’un au révérend Éphraïm Macbriar, l’autre à Kettledrummle, qui, dit-on, battent le tambour ecclésiastique depuis le camp jusqu’à Hamilton. — C’était, je suppose, pour les mander ici ? » dit Morton avec une indifférence affectée. — C’est ce que j’ai compris, » répondit la sentinelle, qui avait causé avec les messagers. — « Burley, » se dit en lui-même Morton, « veut s’assurer une