Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/255

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nable, Morton se hâta de souscrire à l’arrangement proposé. Toutefois il ne pouvait se défendre de quelque défiance contre celui qui la lui faisait.

« Monsieur Balfour, dit-il, tâchons de bien nous entendre. Vous avez pris la peine de donner une attention particulière à mes affaires privées et à mes attachements personnels ; croyez que j’y serai aussi fidèle qu’à mes principes politiques. Peut-être, durant mon absence, trouverez-vous l’occasion de me servir ou de me blesser dans ces affections ! Soyez assuré que, quelles que puissent être l’issue et les suites de notre entreprise, je répondrai par une reconnaissance éternelle ou par une haine implacable à la conduite que vous aurez tenue en cette circonstance ; et malgré ma jeunesse et mon inexpérience, je suis certain de trouver des amis qui m’aideront à donner des preuves de l’une ou de l’autre. — Si cette déclaration renferme une menace, » répondit Burley avec sang-froid et fierté, « mieux valait la garder pour vous ; je sais servir les intérêts de mes amis, et je méprise souverainement les menaces de mes ennemis. Mais je veux éviter toute occasion de discorde. Tout ce qui se passera ici, en votre absence, sera fait selon vos désirs, autant que pourra le permettre la soumission que je dois à un maître qui est tout-puissant. »

Il fallut bien que Morton se contentât de cette vague promesse.

« Si nous sommes battus, » se dit-il à lui-même, « la garnison sera secourue avant d’être obligée de se rendre à discrétion ; et si nous sommes vainqueurs, je vois déjà, d’après la force du parti modéré, que ma voix aura autant d’influence que celle de Burley pour déterminer les mesures à prendre au sujet du château. »

Il suivit donc Balfour au conseil, où ils trouvèrent Kettledrummle ajoutant à son dernier point quelques mots d’application pratique. Quand l’orateur eut fini de parler, Morton annonça qu’il consentait à marcher avec le gros de l’armée contre les troupes renfermées dans Glasgow. On lui nomma des collègues pour partager le commandement, et ils reçurent tous une exhortation des prédicateurs présents. Le lendemain, au point du jour, les insurgés se mirent en marche sur Glasgow.

Notre intention n’est pas d’entrer dans les détails d’événements qu’on peut trouver dans l’histoire de cette époque. Il suffit de dire que Claverhouse et lord Ross, apprenant que des forces supérieures approchaient, se retranchèrent, ou plutôt se barrica-