Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/228

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vos affaires et les miennes. Je remontai le ruisseau un peu vers, la droite, et là je vis de nombreuses traces de pieds de chevaux ; pas trop rassuré, j’atteignis un endroit où quelque combat avait sans doute été livré, car de pauvres garçons étaient étendus sur la terre, portant encore les mêmes habits dont ils s’étaient revêtus le matin ; personne n’en avait encore approché… Et qui trouvai-je au milieu ? notre ancienne connaissance, le sergent Bothwell. — Quoi ! cet homme est mort ! — Bien mort. Son œil était ouvert, son front baissé, et ses dents serrées les unes contre les autres, comme celles d’un piège dont le ressort s’est lâché… Je tremblais, rien que de le regarder ; et cependant je pensais à avoir ma revanche avec lui : j’ai donc vidé ses poches, comme il a fait lui-même à plus d’un honnête homme ; et voici votre argent, ou celui de votre oncle, ce qui revient au même, qu’il a reçu à Milnwood, dans cette malheureuse soirée où tous deux nous devînmes soldats. — Il nous est permis d’user de cet argent puisque nous savons d’où il vient ; mais je dois partager avec vous, Cuddie. — Ne vous pressez pas, ne vous pressez pas. Cette bague qui était attachée sur sa poitrine avec un ruban noir, c’était sans doute un gage d’amour. Pauvre garçon !… Il n’y a cœur si dur qui ne s’attendrisse pour une jeune fille… Voici encore un livre avec des papiers. J’ai trouvé aussi deux ou trois objets que je conserverai pour mon usage. — Sur ma foi, vous avez été fort heureux pour un premier début. — N’est-ce pas ? (Ici Cuddie affecta un air de triomphe.) Je vous avais bien dit que je n’étais pas tout à fait bête quand il s’agissait de prendre quelque chose. J’ai de plus trouvé deux bons chevaux. Un malheureux tisserand, qui a abandonné son métier et sa maison pour venir sur les montagnes, avait pris deux chevaux de dragons et ne savait comment les conduire : je lui en ai offert un noble d’or, et je les aurais eus pour moitié de ce prix, mais l’endroit n’est pas commode pour changer les pièces d’or. Vous trouverez cet argent de moins dans la bourse de Bothwell. — Vous avez fait une bonne et utile acquisition. Mais quel est ce porte-manteau ? — Le porte-manteau ? il était hier à lord Evandale, et aujourd’hui il est à vous. Je l’ai trouvé derrière le buisson de genêt là-bas. Chaque chien aura son jour, vous savez ce que dit la vieille chanson :

Allez à votre tour, ma mère, a dit Tam de la Linn.

Et, à propos, j’ai bien envie d’aller voir ce que devient ma mère,