Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oppression insupportable avait poussés à prendre les armes et à se joindre aux insurgés. Ils avaient aussi avec eux leurs prêtres, qui, ayant profité de la tolérance du gouvernement, se préparaient à résister aux projets violents de ceux qui proposaient de rendre témoignage par une déclaration contre la criminelle et illégitime adhésion à la tolérance légale. Cette délicate question avait été écartée dans les premiers manifestes rédigés pour motiver l’entrée en campagne ; mais elle s’était élevée de nouveau en l’absence de Balfour, et, à son grand déplaisir, il vit qu’elle excitait une violente querelle entre les deux partis. Macbriar, Kettledrummle et les autres prédicateurs du désert étaient engagés dans une vive polémique avec Poundtext, le pasteur toléré de la paroisse de Milnwood, qui avait ceint le glaive, mais qui, avant d’être appelé à combattre en pleine campagne pour la cause du presbytérianisme, défendait avec énergie ses principes particuliers dans le conseil. Le plus fort de la discussion était soutenu par Poundtext et Kettledrummle, qu’appuyaient les clameurs de leurs adhérents : c’étaient ces clameurs qui avaient frappé les oreilles de Morton à son approche de la chaumière. Les deux prêtres ne manquaient ni de poumons ni de voix ; tous deux violents, pleins de feu, et inflexibles dans la défense de leurs principes, ils s’accablaient tour à tour sous le poids des textes sacrés, qu’ils citaient avec une merveilleuse promptitude ; en un mot, tous deux étaient si vivement pénétrés de la justice et de la force de leur opinion, qu’ils semblaient prêts à en venir aux mains.

Scandalisé de débats si violents, Balfour s’interposa entre les adversaires. Il leur fit sentir combien la désunion serait funeste dans les circonstances actuelles ; il flatta habilement les deux partis, et, usant de l’autorité que ses services dans ce jour de victoire lui permettaient de prendre, il parvint à faire ajourner toute controverse sur cette question. Mais, quoique Kettledrummle et Poundtext fussent ainsi réduits au silence, ils continuèrent à se lancer des regards terribles, comme deux dogues qui, séparés au milieu du combat, se sont retirés chacun sous la chaise de son maître, surveillant leurs mouvements respectifs, et montrant par leurs murmures, par leurs crins hérissés et leurs yeux enflammés, que leur querelle n’est pas apaisée, et qu’ils n’attendent que la première occasion favorable pour s’élancer de nouveau l’un contre l’autre.

Balfour profita de ce moment de calme pour présenter au con-