Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout, la marche la plus sûre pour Édith et pour vous, dit le major ; car les républicains se soulèveront tout le long du chemin d’ici à Glasgow, de sorte que votre voyage ou votre séjour à Charnwood serait dangereux. — Ainsi soit-il donc, dit lady Marguerite ; et, mon cher frère, en qualité de plus proche parent de défunt mon mari, je vous délègue, par ce symbole (elle lui remit le respectable bâton à pomme d’or du défunt comte de Torwood), la garde, le gouvernement et le sénéchalat de ma tour de Tillietudlem, et tous les droits qui y sont attachés, avec plein pouvoir de tuer, détruire et chasser tous ceux qui l’attaqueront, aussi librement que je le ferais moi-même. Et j’espère que vous la défendrez ainsi qu’il convient à une maison où Sa très-sainte Majesté n’a pas dédaigné… — Bon ! bon ! ma sœur, » dit le major en l’interrompant, « nous n’avons pas le temps dans ce moment de parler du roi et de son déjeuner. »

Et sortant promptement, il courut, avec toute la pétulance d’un jeune homme de vingt-cinq ans, examiner l’état de sa garnison et surveiller les mesures qu’on prenait pour la défense de la place.

La tour de Tillietudlem avait des murs très-épais, des fenêtres très-étroites, et les murs de la cour étaient aussi très-forts, flanqués de tours du côté accessible, et de l’autre s’élevant du bord même du précipice ; elle était donc pleinement en état de se défendre contre toute attaque, excepté contre l’artillerie.

La famine ou l’escalade était ce que la garnison avait de plus à craindre. En effet, le haut de la tour était garni de quelques vieilles pièces de remparts et de petits canons qui portaient les noms antiques de couleuvrines, de canons de murailles, de demi-bâtardes, faucons et fauconneaux. Le major, à l’aide de John Gudyill, les fit charger, et les pointa de manière à commander la route qui passait au-dessus de la montagne en face et que devaient suivre les rebelles pour avancer, faisant en même temps abattre deux ou trois arbres qui auraient nui à l’effet de l’artillerie. Il fit prendre les troncs de ces arbres, y joignit d’autres matériaux, et fit construire des barricades dans l’avenue sinueuse qui montait de la grande route jusqu’à la tour, ayant soin que chacune dominât sur l’autre. Il fit barricader encore plus fortement la grande porte de la cour, ne laissant d’autre passage qu’un guichet. Ce qui l’inquiétait le plus était la faiblesse de sa garnison ; car tous les efforts de l’intendant n’avaient pu faire prendre les armes qu’à neuf hommes, en y comprenant lui-même et Gudyill : tant la