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LE VIEILLARD


DES TOMBEAUX


OU


LES PRESBYTÉRIENS D’ÉCOSSE.





CHAPITRE PREMIER.

Préliminaires.


Pourquoi cherche-t-il, par un travail infatigable, à parcourir à la hâte les sombres sentiers de la mort, à vouloir reprendre des dépouilles dont elle s’est depuis long-temps assuré la possession, et ramener l’oubli au grand jour ?
Langhorne.


La plupart de mes lecteurs, dit le manuscrit de M. Pattieson, doivent avoir observé avec délices la joyeuse explosion qui se fait à la sortie d’une école de village, dans une belle soirée d’été. Le caractère léger de l’enfance, si difficilement contenu pendant les heures ennuyeuses de l’étude, éclate alors, pour ainsi dire, en cris, chansons et espiègleries, à mesure que ces petits démons se rassemblent par groupes sur le terrain consacré à leurs amusements, et arrangent leurs parties de plaisir pour la soirée. Mais il est un individu qui jouit aussi de l’intervalle de relâche que procure le renvoi de l’école, et dont les sensations ne sont pas aussi évidentes à l’œil du spectateur, ni aussi propres à exciter la sympathie : je veux parler du magister lui-même, qui, la tête étourdie par le bourdonnement des enfants, et la poitrine suffoquée par l’air renfermé de l’école, a passé tout le jour, seul contre une armée, à réprimer la pétulance, à exciter l’insouciance, à tâcher d’éclairer la stupidité et de vaincre l’obstination, et dont l’intelligence même, quelque forte qu’elle puisse être, a été confondue en entendant la même leçon fastidieuse répétée cent fois, sans autre variation que celle des diverses bévues des écoliers. Les fleurs même du génie classique, qui font le plus grand charme de son imagination dans les moments de solitude, ont perdu tout leur éclat et leur parfum en se mêlant aux pleurs, aux fautes et aux punitions ; en sorte que les