Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/162

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te-contre aiguë de Mause qui semblait faire le refrain d’une chanson. — Je vous dis, continua l’homme de Dieu, que vos alignements, vos cavalcades… les hennissements et les courbettes de vos coursiers… vos cruautés sanguinaires, inhumaines et barbares… vos systèmes pour engourdir, étourdir et corrompre la conscience de pauvres créatures par des serments impies et contradictoires, se sont élevés de la terre vers le ciel comme un cri hideux de parjure qui doit hâter la colère à venir… Oh ! oh ! oh ! — Et je dis, » s’écria Mause du même ton et presque en même temps, « qu’avec mon souffle de vieillesse, et qui est bien cassé par l’asthme et ce trot brusque… Que le diable les fasse donc galoper, dit Cuddie, quand ce ne serait que pour lui faire retenir sa langue ! » — Avec ce souffle de vieillesse, continua Mause, je témoignerai contre l’apostasie, les défections, les défalcations et le relâchement de ce pays… contre les griefs et les causes de courroux ! — Paix, je t’en prie, paix ! bonne femme, » dit le prédicateur qui venait de se remettre d’une violente quinte de toux, et qui voyait que le souffle plus solide de Mause l’emportait sur son propre anathème ; « paix ! et n’ôte pas la parole à un serviteur de l’autel… Je dis que j’élève ma voix et que je vous annonce qu’avant que la pièce soit jouée… oui, même avant ; que ce soleil soit descendu, vous apprendrez que ni un Judas, exaspéré comme votre Sharpe, qui est allé où il méritait d’être envoyé ; ni un Holopherne sacrilège, comme votre sanguinaire Claverhouse ; ni un ambitieux Diotrèphes, comme ce jeune Evandale ; ni un Demas envieux et mondain, comme celui qu’ils appellent le sergent Bothwell, qui s’approprie tout l’argent et la farine de chacun ; ni vos carabines, ni vos pistolets, ni vos sabres, ni vos chevaux, ni vos selles, ni vos brides, ni vos ceintures, ni vos muselières, ni vos martingales, ne résisteront aux flèches aiguisées pour vous, et aux arcs tendus contre vous ! — Quant à cela, je suis bien sûre que non, répéta Mause ; ils sont tous des réprouvés… des balais de destruction, qui ne sont bons qu’à être jetés au feu quand ils ont balayé l’ordure du temple… des fouets, de petites cordes nouées pour châtier ceux qui aiment leur bien et leur bonheur terrestre plus que la croix du covenant ; mais quand ils ont fait leur besogne, ils ne servent qu’à faire des courroies pour les sabots du diable. — Que le diable m’emporte ! » dit Cuddie en s’adressant à Morton, « si je ne trouve pas que notre mère prêche aussi bien que le ministre !… C’est dommage qu’il soit enroué, car la toux