Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/139

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lion, c’est-à-dire un vieux ministre non autorisé pendant qu’il exhortait ses auditeurs à se soulever et à agir pour la bonne cause ; j’ai arrêté aussi un ou deux de ses auditeurs qui me paraissaient particulièrement insolents ; et ce sont des paysans et des éclaireurs qui m’ont donné le détail que je vous transmets. — Quel en est le nombre ? demanda le commandant. — Probablement un millier d’hommes, mais les rapports différent étrangement. — Alors, dit Claverhouse, il est temps que nous nous levions et que nous agissions aussi. Bothwell, ordonnez qu’on sonne le boute-selle. »

Bothwell, qui, comme le cheval de guerre de l’Écriture sainte, aspirait de loin l’odeur des combats, se hâta de donner l’ordre à six nègres, vêtus d’habits blancs richement galonnés, portant des colliers et des bracelets d’argent massif. Ces fonctionnaires noirs servaient de trompettes, et ils firent bientôt retentir de leur appel le château et les bois environnants.

« Faut-il donc que vous nous quittiez ? » dit lady Marguerite, le cœur oppressé par le souvenir d’anciens malheurs ; « ne vaudrait-il pas mieux s’informer d’abord de la force des rebelles ? combien j’ai vu de beaux visages quitter au son effrayant de cet appel la tour de Tillietudlem, et que mes tristes yeux ne devaient plus y voir revenir ! — Il est impossible que je reste, dit Claverhouse ; il y a assez de coquins dans cette contrée pour quintupler la force des rebelles si l’on n’y met ordre aussitôt. — Un grand nombre, dit Evandale, s’y rend déjà par troupes, et ils font courir le bruit qu’ils attendent un corps nombreux de presbytériens tolérés, commandé par le jeune Milnwood ainsi qu’ils l’appellent, le fils de cette fameuse vieille tête ronde, le colonel Silas Morton. »

Cette phrase produisit un effet différent sur chacun des auditeurs : Édith faillit tomber de son siège, tandis que Claverhouse jeta un coup d’œil de triomphe vers le major Bellenden, semblant lui dire : « Vous voyez quels sont les principes du jeune homme pour lequel vous intercédez. — C’est un mensonge ; c’est un mensonge diabolique, inventé par ces coquins de fanatiques, » dit le major avec feu. « Je répondrais de Henri Morton, comme de mon propre fils. C’est un garçon dont les principes religieux sont aussi purs que ceux d’aucun gentilhomme des gardes-du-corps. Je ne prétends offenser personne. Il est venu à l’église avec moi plus de cinquante fois, et jamais je ne lui ai entendu manquer à une seule réponse. Édith Bellenden en est témoin : il