Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/115

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— Je n’aurais pas cru cela, monsieur Holliday, » répondit Jenny avec un regard et un ton affecté de mépris pour une telle proposition, « et je vous assure que vous n’aurez pas souvent ma compagnie si vous ne vous conduisez pas plus poliment. Ce n’était pas pour entendre ces sortes de fadaises que je suis venue ici avec mon amie, et vous devriez en être honteux. — Bah ! et pour quelle fadaise êtes-vous donc venue ici, mistress Dennison ? — Ma parente a des affaires particulières avec votre prisonnier, le jeune Henri Morton, et je suis venue avec elle pour lui parler. — Vous êtes un vrai petit diable, reprit la sentinelle ; mais je vous prie, mademoiselle Dennison, dites-moi comment votre parente et vous, vous ferez pour entrer ? Vous êtes un peu trop grosse pour passer par le trou de la serrure, et quant à ouvrir la porte, il n’y a pas à en parler. — Il n’y a pas à en parler ; mais il faut le faire, reprit la persévérante jeune fille. — Nous verrons cela, ma gentille Jenny ; » et le soldat reprit son poste en fredonnant, tout en marchant dans la galerie :

Au fond du puits regarde et vois,

Jeannette, Jeannette ;

Regarde ton gentil minois,

Espiègle bergerette.

— Ainsi vous n’avez pas envie de nous laisser entrer, monsieur Holliday ? Eh bien, en bien, bon soir. Voilà la dernière fois que vous me verrez, ainsi que cette jolie pièce, » dit Jenny en tenant entre l’index et le pouce un dollar d’argent. — Donnez-lui de l’or, donnez-lui de l’or ? lui dit tout bas la jeune fille agitée. — De l’argent, c’est assez bon pour lui et ses semblables, répondit Jenny, quand ils n’ont pas égard aux beaux yeux d’une jolie fille ; et puis il croirait que vous êtes une autre personne que ma parente. Et puis l’argent n’est déjà pas si abondant chez nous, ainsi gardez votre or. »

Après avoir donné ce conseil à sa maîtresse, elle éleva la voix et dit :

« Ma cousine ne veut pas rester plus long-temps, monsieur Holliday ; ainsi, s’il vous plaît, bonsoir. — Halte un instant, halte un instant ! approchez et capitulez, Jenny. Si je laisse entrer votre parente pour parler à mon prisonnier, il faut que vous restiez ici à me tenir compagnie jusqu’à son retour, et alors nous serons tous contents. — Pensez-vous que je consente à cela ? Croyez-vous donc que nous voulions, ma parente et moi, perdre