Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/109

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rison ou à Gudyill de chercher la clef de notre citerne, ou cachot principal. Il n’a pas été ouvert depuis la semaine qui suivit la victoire de Kilsythe, quand mon pauvre sir Arthur Bellenden y renferma vingt républicains ; mais il n’est pas à plus de deux étages sous terre, de sorte qu’il ne peut être malsain, d’autant plus que je crois qu’il y a quelque part une ouverture pour donner de l’air. — Pardonnez-moi, reprit le sergent, je ne doute pas que le cachot ne soit des plus admirables ; mais j’ai promis de bien traiter ce garçon, et j’aurai soin de le faire surveiller de manière à empêcher qu’il ne s’échappe. Ceux que je mettrai autour de lui le tiendront aussi bien que si ses jambes étaient dans des fers et ses doigts dans les poucettes. — Eh bien ! monsieur Stuart, reprit la dame, vous savez mieux que moi quel est votre devoir ; je vous souhaite le bonsoir, et je vous abandonne aux soins de mon intendant Harrison. Je vous aurais tenu compagnie, mais un… un… un… — Oh, madame ! toute excuse est inutile ; je sais parfaitement que le grossier habit rouge du roi Charles II doit annuler les privilèges dus au sang du roi Jacques V. — Non pas à mes yeux, monsieur Stuart, je vous l’assure ; vous me faites injure si vous le pensez. Je parlerai à votre colonel demain, et j’espère que vous vous trouverez bientôt dans un rang où il n’y aura plus de contradictions à concilier. — Je crois, madame, dit Bothwell, que votre bonté sera déçue, mais je vous suis obligé de votre intention ; et, dans tous les cas, je passerai une agréable soirée avec M. Harrison. »

Lady Marguerite prit congé de Bothwell d’un air de dignité, et avec tout le respect qu’elle devait au sang royal, lors même qu’il coulait dans les veines d’un sergent des gardes, assurant de nouveau M. Stuart que tout ce qui se trouvait dans la tour de Tillietudlem était à son service et à celui de ses gens.

Bothwell ne manqua pas de prendre la dame au mot, et il oublia volontiers son illustre origine au milieu d’un banquet pendant lequel M. Harrison faisait tous ses efforts pour présenter le meilleur vin de la cave, et pour exciter son hôte à s’animer par ce séduisant exemple qui, lorsqu’il s’agit de festin, va bien plus loin que le précepte. Le vieux Gudyill s’associa à une partie qui convenait tant à ses goûts, à peu près comme Davy, dans la seconde partie de Henri IV[1], s’associe au festin de son maître, le juge Shallow. Gudyill descendit à la cave, au risque de se rompre le

  1. Pièce de Shakspeare. a. m.