Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 10, 1838.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils arrivaient en ce moment à un portail voûté, crénelé, et flanqué de tourelles, dont une était tout-à-fait en ruines, excepté le rez-de-chaussée, qui servait de vacherie au paysan dont la famille habitait la tour qui restait entière. La grille avait été brisée par les soldats de Monk pendant la guerre civile, et jamais on ne l’avait replacée ; elle n’offrit donc aucun obstacle à Bothwell et à sa troupe. L’avenue, très-escarpée, étroite, et munie d’une chaussée en grosses pierres rondes, montait le long de la colline rapide et suivait une direction oblique et sinueuse. Les arbres qui la formaient cachaient et laissaient voir alternativement la tour et ses remparts extérieurs, qui semblaient s’élever presque perpendiculairement au-dessus de leurs têtes. Les restes des remparts gothiques qu’on y découvrait étaient d’une telle force que Bothwell s’écria : « Il est heureux que cette place soit dans des mains honnêtes et loyales. Si l’ennemi l’avait, une douzaine de vieilles femmes républicaines s’y défendraient avec leurs quenouilles contre une troupe de dragons, n’eussent-elles que moitié de la malice de la vieille femme que nous avons laissée à Milnwood. Sur ma vie, » continua-t-il en approchant de l’énorme tour, et en considérant les ouvrages qui la défendaient, « c’est une place superbe, fondée, dit l’inscription effacée qui est au-dessus de la grille, à moins que le reste de mon latin ne m’ait dit adieu, par sir Ralph de Bellenden, en 1350. C’est une antiquité bien respectable. Il faut que je rende un hommage complet à la vieille dame, dussé-je pour cela me donner la peine de me rappeler quelques-uns des compliments que j’avais habitude de barbouiller lorsque je fréquentais les sociétés de cette nature. »

Tandis qu’il se parlait ainsi, le sommelier, qui avait reconnu les soldats par une meurtrière, annonça à sa maîtresse qu’un parti de dragons, peut-être de la garde royale, commandé par un chef, attendait à la porte avec un prisonnier qu’il amenait.

« Je suis très-certain, dit Gudyill, que le sixième homme est un prisonnier ; car on conduit son cheval, et les deux dragons qui sont devant ont sorti leurs carabines de leurs étuis, et les tiennent appuyées sur leurs cuisses : du moins c’est ainsi que nous conduisions les prisonniers du temps du grand marquis. — Ce sont des soldats du roi ? dit la dame, ils ont sûrement besoin de se ra-