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tendres et du fromage en abondance. Déjà, du faîte des chaumières, s’élève au loin la fumée, et, du haut des montagnes, les ombres descendent plus grandes dans la plaine.


ÉGLOGUE II.


ALEXIS.

Le berger Corydon brûlait pour le bel Alexis, les délices de son maître ; et il n’avait aucun espoir. Seulement, chaque jour, il venait sous les cimes ombreuses des hêtres touffus. Là, solitaire, il jetait en vain aux montagnes et aux forêts ces plaintes sans art : Ô cruel Alexis ! tu dédaignes mes chants ! tu es pour moi sans pitié ! tu me forceras enfin à mourir. Voici l’heure où les troupeaux eux-mêmes cherchent l’ombre et la fraîcheur ; où le vert lézard se cache sous les buissons ; où Thestylis broie, pour les moissonneurs épuisés par l’ardeur accablante du soleil, l’ail et le serpolet odorants : et moi, pour suivre la trace de tes pas, je brave les ardeurs du midi, et ma voix seule se mêle, dans les halliers, au cri de la cigale. Oh ! qu’il eût mieux valu supporter les tristes emportements d’Amaryllis et ses superbes dédains ! Qu’il