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pagnons à son secours, lorsque, dans sa course impétueuse, le char le heurte et le renverse : Turnus fond sur lui, et, le frappant entre le haut de la cuirasse et la partie inférieure du casque, il lui tranche la tête avec son épée, et laisse le tronc sur l’arène.

Tandis que Turnus victorieux sème la mort dans la plaine, Mnesthée et le fidèle Achate, accompagnés d’Ascagne, ont ramené au camp Énée couvert de sang, et appuyant, l’un après l’autre, sur sa longue javeline ses pas mal assurés. Il s’irrite, et s’efforce d’arracher le trait dont le bois s’est brisé ; il réclame les secours les plus prompts : il veut qu’on ouvre la plaie avec une large épée, qu’on fouille les profondeurs où se cache le dard, et qu’on se hâte de le rendre aux combats.

Déjà s’était présenté le disciple chéri d’Apollon, Iasus, fils d’Iapis : jadis épris pour lui d’une vive tendresse, Apollon lui communiqua avec joie les secrets de sa divine science, la connaissance des augures, la musique et l’art de lancer les flèches rapides. Mais, pour prolonger les jours de son père mourant, il aima mieux apprendre à connaître les vertus des plantes et l’art de guérir, et cultiver dans l’obscurité une science modeste. Énée se tenait debout, frémissant d’impatience, appuyé sur sa longue javeline : entouré d’une foule de jeunes guerriers et d’Ascagne en pleurs, il reste insensible à leurs plaintes. Le vieillard, la robe