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que poussent les guerriers furieux, elle aperçoit Camille victime d’une mort funeste. Elle gémit, et du fond de son cœur laisse échapper ces paroles : « Hélas ! vierge infortunée, que tu es punie cruellement d’avoir voulu combattre les Troyens ! c’est donc en vain que, fidèle au culte de Diane, tu as suivi la déesse dans les forêts ! en vain tu as chargé tes épaules de nos carquois ! Ta reine, du moins, prend soin de ta renommée à tes derniers moments : ton nom ne sera pas sans gloire parmi les nations, et il ne sera pas dit que ta mort soit restée sans vengeance. Quiconque a profané par une blessure ton corps sacré paiera ce crime de son sang. »

Au pied d’une haute montagne s’élevait un tertre ombragé de chênes touffus : c’était le tombeau de Dercenne, ancien roi de Laurente. C’est là qu’un vol rapide a porté la belle Nymphe ; c’est de là que son œil cherche et reconnaît bientôt Aruns, brillant sous son armure, et gonflé d’un vain orgueil : « Où vas-tu ? s’écrie-t-elle, dirige tes pas de ce côté ; viens-y chercher la mort, digne prix du trépas de Camille ! Méritais-tu de mourir aussi sous les flèches de Diane ? »

Elle dit, tire de son carquois une flèche rapide, et bande avec colère son arc vengeur ; déjà les deux extrémités se réunissent, et,